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NOTICE GÉNÉRALE

vrait point, il ajoutait : « Si quelque jour vous désirez rétablir la paix avec vos adversaires, je suis tout prêt à collaborer »[1]. L’heure semblait venue et l’ancien directeur d’âme de Dion tenait sa promesse.

Cette correspondance dépeint encore les relations du philosophe et du tyran de Syracuse Denys, relations amicales pendant un temps, — et ce sont alors des échanges de services, des conseils de sagesse et de modération envoyés au tout puissant chef d’État, des réponses à des préoccupations scientifiques… Mais peu à peu les rapports se tendent, la rupture survient, et les deux lettres I et III ont pour but d’expliquer les raisons du désaccord et de justifier l’attitude définitive du sage Athénien vis-à-vis du prince déloyal.

Une série d’épîtres adressées à des hommes politiques mettent en relief le rôle de l’Académie auprès des gouvernants de petites principautés helléniques. Elles prodiguent les avis sur la sage direction des cités ; elles rendent courage aux chefs honnêtes lassés du pouvoir ; elles détournent des entreprises sans avenir ; elles promettent l’appui et l’aide active des membres de la petite association philosophique.

En retraçant à grands traits le caractère de ces Lettres, je ne veux évidemment pas préjuger de leur authenticité sans examen plus précis, mais comme presque toutes proviennent de milieux apparentés aux cercles platoniciens et datent, semble-t-il, du siècle qui a suivi la mort de Platon, nous pouvons, du moins, nous représenter, grâce à elles, le travail intense de l’Académie et, par l’influence des disciples, remonter jusqu’à la pensée du maître. Voilà de quoi expliquer l’intérêt d’une correspondance qui nous permet d’évoquer un centre d’action et des méthodes assez mal connus par ailleurs. Plutarque nous dit que Platon ne nous a pas seulement laissé dans ses écrits une doctrine remarquable sur les lois et la cité, mais que son rôle fut encore plus bienfaisant, puisque Dion, formé à l’école du philosophe, a délivré la Sicile, puisque Python, Héraclide, façonnés aux

  1. VII, 350 c, d.