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LETTRE XIII

— car débourser immédiatement te sera avantageux, t’abstenir au contraire, et retarder jusqu’à la venue d’un de tes envoyés, te portera tort — en plus du désagrément, ce sera honteux pour toi. Or, j’en ai fait l’épreuve : b je dépêchai Érastos auprès d’Andromède d’Égine[1], votre hôte, à qui tu m’avais ordonné de m’adresser si j’avais besoin de quelque chose ; je voulais précisément te faire les autres envois assez considérables que tu réclamais dans ta lettre. Ce dernier me fit une réponse bien naturelle et bien humaine ; il avait déjà prêté à ton père et avait été remboursé avec peine. Maintenant il fournirait bien une petite somme, mais pas davantage. Alors j’ai emprunté à Leptine[2] : et en cela je dois louer Leptine, non pas parce qu’il a donné, mais parce qu’il l’a fait de grand cœur. Du reste, il parle de toi et agit à ton égard c ouvertement comme un véritable ami. Il faut bien que je te fasse connaître, bons ou mauvais, quels me paraissent être les sentiments de chacun envers toi. Donc au sujet de tes ressources, je te parlerai en toute franchise : c’est justice, et en même temps je pourrai t’informer en connaissance de cause de ce qui concerne ton entourage. Ceux qui ont à te présenter toutes les dépenses dont ils doivent t’avertir s’y refusent, crainte de t’irriter. Habitue-les donc et force-les à te parler sur ce point d comme sur les autres. Il te faut tout savoir autant que possible et être juge et ne pas fuir la lumière. Rien ne vaudra mieux pour ton gouvernement ; l’ordre dans les dépenses, l’exactitude dans le paiement des dettes ont toutes sortes d’avantages et spécialement en ce qui concerne la bonne administration de la fortune, tu le reconnais certainement toi aussi et tu le reconnaîtras. Qu’on ne puisse pas te diffamer en public en se disant plein de sol-

    Amyot). Cette collaboration de Platon et de Dion a sans doute inspiré ici l’auteur de la Lettre.

  1. Il est douteux que cet Érastos soit le même dont il est question dans la Lettre VI. — D’après Christ (l. c., pp. 458-460), Andromède aurait été une sorte de banquier du roi de Syracuse.
  2. Cf. 361 b et 363 d. — Ritter (Neue Unters., p. 337) montre bien l’invraisemblance de ce récit. Est-il croyable que Platon n’aurait pu trouver quelqu’un à Athènes pour avancer à Denys la somme de 16 mines (pas tout à fait 1 500 francs) ? Denys l’Ancien avait laissé à son fils un royaume très prospère et très solide. Et