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INTRODUCTION

son irrégularité apparente et de l’espèce de spirale qu’il décrit ; en tout cas, l’Athénien des Lois avoue ne l’avoir connue que tardivement, et, d’ailleurs, la sphéricité de la terre est elle-même traitée, dans le Phédon, comme une nouveauté admirable^^1. Platon ne nous renseigne pas ici sur cette astronomie nouvelle, mais il la met en œuvre, au Livre X, dans le mythe d’Er le Pamphylien, où les indications sur l’ordre et les vitesses relatives des planètes concordent avec celles que donnera le Timée. L’astronomie a comme sœur, dit Platon avec les Pythagoriciens, l’harmonie ou théorie de la musique, l’une étudiant les mouvements que perçoivent les yeux, l’autre ceux que perçoivent les oreilles. Mais il y avait alors plusieurs écoles d’harmonie (530 e-531 c). L’une, purement expérimentale, peut-être celle de Démocrite, « mettant les cordes à la torture », cherchait à déterminer les intervalles par l’oreille et la mesure directe et, décomposant, pour ainsi dire, atomiquement les sons, prétendait saisir l’intervalle élémentaire qui sert de mesure à tous les autres. L’autre, celle des Pythagoriciens, « ne regardait pas l’oreille comme supérieure à l’esprit » et, au lieu de vouloir saisir un atome de son, déterminait, par la mesure et le calcul, les rapports numériques auxquels correspondent les intervalles recevables. Là encore, le progrès décisif avait été fait par Archytas, qui, le premier, définit le son comme

I. Phédon, 108 c (cf. L. Robin, Notice, p. lv et suiv. ; Études sur la signification et la place de la Physique dans la phil. de Platon, 1919, p. 15) ; Frank, p. 184-198. P. Friedländer, Platon, Eidos, Exkurs. I, Platon als Geograph, p. 242/69 et art. de Gisinger, RE Suppl. IV, 672 et suiv. Sur l’explication du mouvement propre des planètes et le rôle d’Archytas, Frank, 201/5 (cf. Platon, Lois, 821 a comparé à Rép., 616 d/e). — A. Rivaud, Études platoniciennes, I, Le système astron. de Pl. (Rev. d’Hist. de la Philos., II, 1 (1928), p. 1-26). Sur l’harmonie, Frank, p. 150-167, Tannery, Mém. scient., III, p. 225-282 ; A. Rivaud, Ét. Plat., II, Platon et la musique (Rev. d’Hist. d. la Philos., III, 1 (1929), p. 1-30 ; ici, surtout p. 5/8). Sur la constitution de la mathématique et en particulier de l’harmonie pythagoricienne en opposition à Démocrite, Frank, p. 222-233 (mais l’attaque de Platon contre les empiristes purs vise une méthode plus qu’un groupe, et Frank y sous-entend trop de précisions). Fragments d’Archytas dans Diels I3 331/7 et Nachträge XXIX.