Hermogène. — Évidemment je répondrais : par les plus sensés.
Socrate. — Sont-ce donc dans les cités les femmes ou les hommes qui te paraissent les plus sensés, pour parler du sexe en général ?
Hermogène. — Les hommes.
Socrate. — Or tu sais que, suivant Homère, le jeune enfant d’Hector était appelé Astyanax par les Troyens, et que le nom de Scamandrios d lui était évidemment donné par les femmes, puisque ce sont les hommes qui l’appelaient Astyanax[1] ?
Hermogène. — Il le semble.
Socrate. — Et Homère, lui aussi, considérait les Troyens comme plus sages que leurs femmes ?
Hermogène. — C’est mon avis.
Socrate. — Par suite, le nom d’Astyanax donné à l’enfant lui semblait plus juste que celui de Scamandrios ?
Hermogène. — Apparemment.
Socrate. — Examine donc pour quelle raison. Mais lui-même ne nous en indique-t-il pas le pourquoi à merveille ? Il dit[2] :
e Car, seul, il défendait leur ville et leurs grands murs.
Voilà pourquoi, ce semble, il est juste d’appeler le fils du sauveur l’Astyanax de ce que son père sauvait, suivant Homère.
Hermogène. — Il me le semble.
Socrate. — Mais enfin, pour quelle raison ? Car moi-même je ne le comprends pas encore, Hermogène ; et toi, le comprends-tu ?
Hermogène. — Non, par Zeus !
Socrate. — 393 Mais, mon bon, Hector lui aussi n’a-t-il pas reçu ce nom d’Homère lui-même ?
- ↑ Sur la fantaisie de ce raisonnement, où Platon néglige l’indication donnée par l’Iliade, VI, 402-403, voir la Notice, p. 16.
- ↑ Iliade, XXII, 507. Le vers se lit dans les plaintes d’Andromaque. Mais le texte homérique donne ἔρυσο et non ἔρυτο (Andromaque s’adresse à Hector), et πύλας au lieu de πόλιν.
Batiée veut dire : la colline des ronces (ou des mûres). Myriné, éponyme de la ville éolienne du même nom, était une Amazone tombée devant Troie, suivant la légende.