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CRATYLE

[ou sur la justesse des noms.]


HERMOGÈNE, CRATYLE, SOCRATE

Préambule.
Les deux thèses en présence.

Hermogène[1]. — 383 Voici Socrate. Veux-tu que nous lui communiquions le sujet de notre entretien[2] ?

Cratyle. — À ta guise.

Hermogène. — Suivant Cratyle que voici, Socrate, une juste dénomination existe naturellement pour chacun des êtres ; un nom n’est pas l’appellation que certains donnent à l’objet après accord, en le désignant par une parcelle de leur langage, mais il existe naturellement, et pour les Grecs et pour les Barbares, b une juste façon de dénommer qui est la même pour tous. Je lui demande donc, moi, si Cratyle est ou non son nom véritable : il en convient. « Et celui de Socrate ? lui dis-je. — C’est Socrate, répond-il. — De même aussi pour tous les autres hommes, le nom dont nous appelons chacun d’eux, c’est là le nom de chacun ? — Et lui : « Pas

  1. Sur Hermogène, voir la Notice, p. 34. Son père, Hipponicos (nommé plus bas, 384 a), était fils de Callias ; Thucydide le mentionne (III, 91) comme exerçant dans l’été de 426 les fonctions de stratège. Hipponicos appartenait à une des familles d’Athènes les plus riches et les plus en vue. Sa fille Hipparété épousa Alcibiade (Plutarque, Alc., VIII).
  2. Ce début (noter οὖν et τὸν λόγον) montre que l’entretien d’Hermogène avec Cratyle dure déjà depuis un moment. Hermogène va le résumer un peu plus bas. Il l’interrompt sans doute en voyant arriver Socrate. Pour cette vive entrée en matière, comparer le début du Philèbe.