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EUTHYDÈME

et peu après 273 entrèrent ces deux hommes, Euthydème et Dionysodore, et d’autres avec eux, de nombreux disciples, à ce qu’il me parut. Une fois entrés, ils se mirent l’un et l’autre à aller et venir dans le promenoir[1] couvert. Ils n’avaient pas encore achevé deux ou trois tours quand je vois entrer Clinias, que tu trouves bien grandi, et avec raison. Derrière lui venaient ses amants, et, dans leur foule, Ctésippe, un tout jeune homme de Paeania[2], une très belle et bonne nature, sauf une insolence qui est l’effet de la jeunesse[3]. M’apercevant b de l’entrée assis tout seul, Clinias vint droit à moi et s’assit à ma droite, comme tu le dis ; à sa vue, Dionysodore et Euthydème commencèrent par s’arrêter, et ils causaient entre eux, jetant des regards répétés dans notre direction — je les observais avec la plus grande attention. Puis ils vinrent s’asseoir, l’un, Euthydème, auprès du jeune garçon, l’autre auprès de moi, à gauche. Le reste de l’assistance prit place au hasard.


Euthydème et Dionysodore enseignent la vertu.

Je les saluai tous deux, comme ne les ayant c pas vus depuis longtemps, et cela fait, je dis à Clinias : « Clinias, les deux hommes que voici, Euthydème et Dionysodore, sont savants, non dans les petites choses, mais dans les grandes. Tout ce qui concerne la guerre, ils le connaissent ; tout ce que doit savoir le futur général, la tactique, le commandement des armées, toutes les formes de combat qu’il faut apprendre à pratiquer sous les armes. Ils peuvent encore donner le moyen de se défendre soi-même devant les tribunaux, si l’on est victime d’une injustice. »

Ces paroles m’attirèrent d leur mépris ; ils se mirent à rire tous deux en se regardant, et Euthydème répondit : « Ces

    rieure qui se fait entendre à Socrate. Lui-même s’en explique dans l’Apologie (31 d) ; il dit de cette manifestation divine (θεῖόν τε καὶ δαιμόνιον) : « C’est quelque chose qui a commencé pour moi dès mon enfance, une voix qui se fait entendre, et qui se produit toujours pour me détourner de ce que je vais faire, jamais pour m’y pousser. » Comp. Phèdre, 242 bc.

  1. Piste couverte, attenant à la palestre, sorte de hangar en bois qui servait d’abri aux causeurs.
  2. Dème de l’Attique, à l’est d’Athènes.
  3. Aristote, Rhétorique, II, 2 1378 b : « Les jeunes gens et les riches sont portés à l’insolence. »