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NOTICE

République, et c’est ce que, dans le deuxième discours, montrera le mythe de l’attelage ailé. Ce passage du premier discours est donc comme un germe caché dans un sol ingrat, promis cependant pour plus tard à une brillante éclosion.

Seconde partie.

La seconde partie a pour objet, on l’a vu, les effets de l’amour : a-t-il chance d’être avantageux à l’aimé ou, au contraire, de lui être nuisible (238 d-241 e) ? Puisque la fiction, bien que démasquée, y reste conforme au thème de Lysias, les effets de l’amour n’y peuvent être envisagés que d’un point de vue unilatéral, par rapport à l’aimé ou l’objet de l’amour, non par rapport à l’amant, autrement dit le sujet : point de vue qui sera explicitement rejeté par le deuxième discours (249 e ; cf. 245 b). D’un autre côté, comme la première partie traitait un point que Lysias avait négligé, c’est au contraire dans celle-ci que nous devons nous attendre à voir reprises et corrigées les raisons que Lysias avait alléguées[1]. — Comme la première, cette seconde partie du discours de Socrate se laisse assez aisément subdiviser en deux sections. La première, que précède une sorte de plan, est consacrée à montrer quels dommages cause à un aimé l’amoureux passionné. Socrate a commencé par montrer (238 e 3-239 a 5) que l’homme gouverné par la passion et qui est l’esclave du plaisir est un malade, se félicitant par suite de tout ce qui est dans le sens de sa folie, s’irritant de tout ce qui peut la contrarier ou la maîtriser. D’autre part ce qu’il cherche dans un aimé, c’est son plus grand plaisir : il ne faut donc pas que cet aimé soit son égal, encore moins qu’il puisse lui tenir tête ; par conséquent il le voudra aussi bas que possible pour l’instruction, pour le courage, pour l’habileté à parler, pour la vivacité de l’esprit, etc. Ces divers points sont groupés sous trois rubriques, qui correspondent à la division commune des biens de l’âme, de ceux du corps et des biens extérieurs. S’agit-il d’abaisser l’intelligence de l’aimé (239 a 5-c 2) ? Il s’attachera, par sa direction comme par sa société, à cultiver en lui la sottise naturelle et même à l’accroître, tandis que d’autre part il l’écartera jalousement de toutes les sociétés dans lesquelles il

  1. Comparer en particulier 231 b, 234 b avec 239 e sq. ; 231 cd avec 231 b ; 232 bc, e sq. avec 240 b-e ; 232 cd avec 239 a b ; 233 ab avec 238 e sq.