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NOTICE

l’amant passionné est un corrupteur ; l’autre au contraire, puisqu’il se domine lui-même au lieu d’être dominé par l’amour, reste toujours de sang-froid, et son indulgence est en même temps de bon conseil : nouveaux gages d’une amitié durable[1]. — 3o (233 b s. fin.) Réponse à une objection possible[2] : si la passion amoureuse devait être le principe de tout attachement, la force et la valeur morale des liens de la parenté ne se comprendraient plus.

L’objet de la quatrième partie est d’examiner les caractères de la requête, selon qu’elle vient d’un amant sans passion ou au contraire, passionné. — 1o (233 d mil.) Le besoin à la base de la requête : dans ce cas on devra se dire en effet que, plus est grand le besoin qui fait l’objet de la requête, plus sera grande aussi la gratitude à espérer de celui qu’on aura satisfait ; de sorte que c’est le besoin, non le mérite, qui décidera. — 2o (d fin) Variations ironiques sur le même thème : tandis que la passion d’amour est comparable à la voracité du mendiant ou du parasite, l’amour sans passion est une garantie de mérite, de reconnaissance, de discrétion, de loyauté. — 3o (234 b déb.) Conseil final : puisque favoriser une requête dont tels sont les caractères, bien loin de nuire aux intérêts de l’aimé, les sert au contraire, celui-ci n’a pas à craindre les récriminations de ses proches.

On peut maintenant conclure (mil.) : la thèse exposée ne signifie pas qu’entre les non-amoureux ce soit au hasard qu’on doive choisir (cf. 231 d, dernière section de la première partie), autrement dit ne pas choisir du tout. Choisir est au contraire un gage de gratitude et de discrétion. Si pourtant je n’en ai pas dit assez pour te convaincre de me choisir, moi qui te parle, je suis prêt à répondre à tes questions[3].

En résumé, ce discours est écrit, on le voit, en style pério-

  1. Comme à 231 b 5 et à 232 a 1, ὥστε me semble à 233 b 5 marquer une conclusion destinée à mettre dans tout son jour l’enseignement de l’antithèse qui précède.
  2. Bien qu’ici la section ne soit pas marquée, comme elle l’est ordinairement, par ἔτι δέ ou καὶ μὲν δή, je la crois réelle ; cf. Bonitz, Platon. Studien², p. 254 note.
  3. La façon solennelle dont la conclusion est présentée ici me fait penser qu’elle doit être détachée du reste, comme elle l’est par Bonitz, loc. cit.