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PHÈDRE

à l’égard de leurs mignons ; tout au contraire, c’est à leur ressembler à eux-mêmes et, totalement, de tout point, à tel c Dieu qu’ils honorent, c’est à cela qu’ils s’efforcent le plus possible de les amener, c’est pour cela qu’ils se conduisent comme ils font. Concluons : les aspirations de tout amant véritable et son initiation, à condition du moins qu’il prenne, pour réaliser ce à quoi il aspire, la voie dont je parle, voilà quelles en sont la beauté, la félicité pour celui qu’un ami dont Amour cause le délire a pris en amitié, à condition que celui-ci ait été conquis.

Les alternatives de l’amour.

« Or voici maintenant de quelle façon se fait prendre celui qui a été conquis. Rappelons-nous qu’au commencement de cette fable nous avons dans chaque âme distingué trois sortes de choses : il y en a deux qui sont du type cheval, d tandis que la troisième a fonction de cocher ; à présent encore tout cela devra demeurer. Et maintenant, de ces chevaux l’un, disons-nous, est bon, non pas l’autre ; mais en quoi consiste l’excellence du bon ou, chez le vicieux, son vice, c’est ce que nous n’avons pas expliqué et qu’à présent nous avons à dire. Eh bien ! le premier des deux, et qui est celui dont plus belle est la condition, a le port droit ; il est bien découplé, il a l’encolure haute, la ligne du chanfrein légèrement courbe ; son pelage est blanc ; ses yeux, noirs ; il est amoureux d’une gloire qu’accompagnent modération et réserve ; comme il est compagnon de l’opinion vraie[1], pour être conduit il n’a pas besoin qu’on le frappe : c’est assez d’un encouragement ou d’une parole. Le second, par contre, e est de travers, massif ; il est bâti on ne sait comment ; il a l’encolure épaisse, la nuque courte, le masque camard ;

    calembour sur son nom ; l’homme qui, ayant suivi Zeus, garde son équilibre sous le poids de l’amour (252 c), qui est philosophe et apte à diriger, qui cherche à rendre tel l’aimé chez qui il en a deviné la promesse, ce serait Platon lui-même. — Plus loin (a fin), peut-être faut-il lire Dionysou (de Bacchus) et non Dios (de Zeus). On voit mal en effet pourquoi celui-ci serait de nouveau mentionné, et l’image des Bacchantes convient mieux à l’autre. — Après ce qui a été dit à 246 e sq., on se sent ici en pleine astrologie : notre caractère dépend de l’astre d’où provient notre âme.

  1. Il possède en effet une nature moyenne : docile aux ordres du