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rapport au corps, a eu, le plus largement qui se puisse, part au divin. Or le divin, c’est ce qui est beau, savant, bon, avec e tout ce qui est du même ordre ; rien certainement ne contribue davantage à nourrir, à développer l’appareil ailé de l’âme ; au lieu que le laid, le mauvais, tout ce qui contraste avec les précédentes qualités, le dégrade et le ruine à fond. Or donc celui qui dans le ciel est le grand chef de file, Zeus, lançant son char ailé, s’avance le premier, ordonnant toutes choses en détail et y pourvoyant. Il est suivi par une armée de Dieux et de Démons, qui est ordonnée en onze sections ; 247 Hestia en effet reste à la maison des Dieux, toute seule. Quant aux autres, tous ceux qui, dans ce nombre de douze[1], ont obtenu rang de dieu conducteur sont chefs de file à leur rang, au rang qui a été assigné à chacun. Dans ces conditions, ils sont nombreux et béatifiques, les spectacles qu’offrent les évolutions dont le ciel est le domaine et qu’accomplit circulairement l’heureuse race des Dieux : chacun d’eux fait la tâche qui est la sienne ; le suit qui, toutes les fois, en a et la volonté et le pouvoir, car la place de l’Envie est en dehors du chœur des Dieux ! Or, aussi souvent qu’ils se rendent au repas et vont prendre part au banquet, ils montent b les escarpements qui mènent au sommet de la voûte qui surplombe le ciel : pour les attelages qui portent les Dieux,

    le dieu n’est l’objet, ni d’une expérience sensible qui permettrait de les décrire, ni d’une intellection qui permettrait d’en acquérir, dialectiquement, une science réelle. On remarquera la parenté avec celle-ci, de la définition épicurienne du dieu (À Ménécée 123).

  1. Quoique Platon, plus bas (252 c, e ; 253 ab), puisse paraître avoir ici songé aux dieux de l’Olympe, ce n’en est sans doute pas le nombre qu’il envisage. Il s’agit plutôt d’un mythe cosmologique : aux mouvements dans le ciel de onze dieux et démons s’oppose en effet l’immobilité de la terre (Hestia, Vesta) ; ce rang où chacun fait sa tâche signifie la distance au centre et l’étendue de l’orbite sur laquelle se meut l’astre (cf. aussi 247 b, de ; 248 a). Par suite, celui qui mène cette procession circulaire et règle tout ce qui en dépend, Zeus, doit être la sphère des fixes. Mais une première difficulté surgit : dans les cinq planètes qui suivent, on retrouvera Zeus (Jupiter). Une autre difficulté concerne les trois rangs après le septième et le huitième (soleil et lune) et qu’occupent peut-être des démons ; ni le Timée (38 ab), ni la République (X 616 d) ne nous