Page:Platon - Œuvres complètes, Les Belles Lettres, tome IV, 3 (éd. Robin).djvu/25

Cette page a été validée par deux contributeurs.
xv
NOTICE

majeure partie perdue : des Discours politiques il ne subsiste que l’exorde et un sommaire de l’Olympique dans Denys d’Halicarnasse ; d’autre part, l’Oraison funèbre des Athéniens morts en défendant Corinthe est loin d’être incontestablement authentique.

En outre on ne s’accorde pas sur la place que cette forme de son activité aurait occupée dans la vie de Lysias. Pour les uns elle serait du début de sa carrière à Athènes. C’est ce que semble avoir pensé Cicéron (Brutus 48) : il fait en effet de lui, sur ce terrain, un concurrent de Théodore de Byzance, et sa logographie ne serait qu’une extension ultérieure de sa profession primitive[1]. L’hypothèse est assez vraisemblable. C’est en effet très probablement en 412 que Lysias revient s’établir à Athènes. Fils de Céphale, ce grand négociant syracusain qui sur les conseils, dit-on, de Périclès, avait fondé au Pirée une fabrique d’armes (cf. p. 1, n. 1), il avait suivi son frère aîné Polémarque dans un exode d’émigrants allant occuper les lots de terre qui leur avaient été assignés (clérouquie) sur le territoire de Thourii, dans l’Italie méridionale. C’était une cité de création récente (444/3) : Hippodame de Milet en aurait été l’architecte et Protagoras, le législateur ; Hérodote, comme on sait, la visita et il en devint citoyen. Or Tisias, le maître syracusain qui passe pour être l’inventeur de la rhétorique, y était venu fonder une école dont Lysias fut l’élève. Y a-t-il lui-même professé ? C’est fort possible[2]. Après le désastre d’Athènes en Sicile (413), il y avait peu de sécurité pour lui à rester à Thourii ; on dit même qu’il en fut banni par le parti anti-athénien. Si donc Tisias était surtout, comme il semble, un

  1. Cicéron fonde son assertion, en apparence au moins (cf. 46 déb.), sur l’autorité d’Aristote. Mais on doit observer que, dans ce qui nous reste d’Aristote, il n’y a rien de tel : Lysias est cité deux fois dans la Rhétorique et les deux citations proviennent de ses plaidoyers ; dans aucune d’ailleurs il n’est nommé.
  2. En tout cas, on ne peut conjecturer la durée de cet enseignement, car la chronologie de Lysias est très incertaine. Autrefois on le faisait naître en 459/8 ; aujourd’hui on tient généralement pour 446, parfois même pour une date plus tardive. La date de 412 pour son retour à Athènes est mieux assurée, pour la raison qu’on va voir. Mais, faute de savoir quand il est né, on ne peut s’aventurer à dire quel âge il avait alors.