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PHÈDRE


Hermias.

Ce commentaire représente la tradition néoplatonicienne de l’interprétation du Phèdre. Avec Proclus, Hermias (deuxième moitié du ve s.) avait été l’élève de Syrianus, et il est possible qu’il n’ait fait que rédiger, peut-être à la vérité en l’enrichissant de ses propres réflexions, des leçons de son maître sur notre dialogue. Ces leçons semblent avoir eu la forme, alors commune dans les écoles, de la diatribe ou de l’entretien : quelque part en effet (92, 6-8), Hermias parle d’une difficulté soulevée par Proclus et de la solution qu’en proposa « le philosophe » ; or, d’après une scholie, sans doute ancienne, qui est répétée en marge de trois bons manuscrits, ce serait Syrianus. C’est plus haut encore pourtant que, selon toute probabilité, on devrait remonter : jusqu’à Jamblique (deuxième moitié de ive s.), dont Proclus (Theol. Platon. IV 16) mentionne expressément un commentaire sur le Phèdre, auquel du reste Hermias lui-même fait plus d’une allusion[1]. — Il n’y a pas lieu de parler ici des idées d’Hermias ni de l’esprit de son commentaire : un échantillon en a été donné en passant (p. xxx n. 2), sur lequel toutefois il ne serait pas équitable de fonder une condamnation globale. Le fatras certes n’y manque pas, ni le pédantisme, ni même la sottise. Mais, pour en déclarer fausse toute l’interprétation, il faudrait d’abord avoir prouvé que les Néoplatoniciens n’ont radicalement rien compris à Platon ; que notamment ils ont eu tort de se servir si souvent du Timée pour interpréter le Phèdre. Or cette preuve n’est pas faite. Mais ce qui maintenant nous importe, c’est seulement la contribution d’Hermias à l’établissement du texte. Elle est d’une valeur critique indéniable : par les lemmes qui donnent les premiers mots de chacune des petites sections entre lesquelles il divise le texte ; par des notes détachées qui expliquent certains des termes du passage ; par l’insertion de tel ou tel

  1. Notamment 9, 9 sq. et 215, 12 sqq. ; cf. aussi 143, 23 sqq., 150, 24 et 200, 28 sq. — Sur tout ceci, cf. Am. Bielmeier, Die Neuplatonische Phaidros Interpretation : ihr Werdegang und ihre Eigenart, 1930, dans les Rhetor. Studien de E. Drerup, fasc. 16 (RÉG XLV, p. 116). D’après l’auteur, Jamblique et ceux qui dépendent de lui sont, par rapport à Plotin et à son cercle, les représentants d’une interprétation plus mystique et moins philosophique du dialogue : c’est assez probable.