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NOTICE

dates d’après l’opinion qu’on s’est faite sur le sens de la polémique, tantôt c’est la date, gratuitement supposée, qui sert à fonder cette opinion. Une seule chose ici n’est pas douteuse : c’est que la critique de la rhétorique dans le Phèdre suppose de multiples relations et que l’histoire de ces relations nous est très mal connue. Peut-être est-il impossible de ne pas en effet mêler quelque hypothèse à une simple exposition des données du problème, tel qu’il se présente dans le Phèdre ; on laissera du moins à de plus perspicaces le mérite de le résoudre.

Les rhéteurs mentionnés.

Notre dialogue nomme pêle-mêle (266 e-267 c ; cf. 261 cd) une dizaine des maîtres de la rhétorique et, détachés de cette énumération, Lysias dès le commencement et jusqu’au voisinage de la fin, Isocrate dans la dernière page seulement, d’une façon d’ailleurs tout à fait imprévue et sans que jusqu’alors son nom ait été une seule fois prononcé. D’autre part, cette énumération associe des hommes d’époques très différentes et dont le rôle dans l’histoire de la rhétorique n’est, semble-t-il, ni du même ordre, ni de la même importance : manifestement, c’est l’esprit de la rhétorique qui intéresse ici Platon, bien plutôt que la contribution successive de chacun de ses protagonistes au développement de l’Art. On peut donc penser qu’il a surtout affaire à la rhétorique telle qu’elle se pratique et s’enseigne au temps où il écrit et, par conséquent, aux rhéteurs alors les plus en vue. Souvent il a l’air de n’employer les noms propres que pour donner à l’argumentation une couleur individuelle : ici, c’est Lysias ou un autre (258 d, 272 c, 277 d) ; là, Tisias ou tout autre (273 c) ; ailleurs, expressions analogues à propos de Thrasymaque (266 c, 271 a) ; ou bien encore une citation, qui sera ensuite déclarée littérale, est cependant introduite dans les termes les plus généraux, comme représentant le langage de ceux qui s’occupent de cela (272 c sqq., 273 a) ; mais une autre, par contre, est un peu plus loin mise expressément au compte de Tisias (273 bc).

Passons à l’examen des noms qui composent l’énumération même. Pourquoi l’un des premiers est-il celui de Zénon, « le Palamède d’Élée », le héros subtil à qui serait due l’invention de la dialectique ? Difficilement on croira qu’en lui