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PHÈDRE

péties qui en résultent et les dénouements auxquels elles conduisent.

VI

RHÉTORIQUE ET DIALECTIQUE

Si l’on voulait donner à cette section tout le développement qu’elle comporte, elle prendrait dans la Notice, si longue déjà, une place démesurée[1]. Pour le but qu’on s’y propose, il suffira de définir, avec autant de précision qu’on pourra, la position que Platon a adoptée dans le Phèdre envers la rhétorique en général, et de signaler quelles difficultés on rencontre dès qu’il s’agit de déterminer son attitude envers tel ou tel rhéteur en particulier. Au reste, l’objet du débat est clairement marqué par Socrate (266 b ; cf. 269 b) : la discipline qu’il enseigne, « jusqu’à présent, en tout cas », il l’appelle dialectique ; quel nom faut-il pour le présent donner à l’enseignement de l’art oratoire ? Si ce n’est même pas un art, comme on l’a déjà prouvé (262 c), à plus forte raison pourra-t-on penser qu’il n’y a pas non plus de discipline qui l’enseigne. Phèdre en conclut qu’il reste, par conséquent, à définir la rhétorique comme objet distinct d’étude. Est-ce donc à dire, demande alors Socrate, qu’elle existerait comme discipline technique, à part de la dialectique ? Tout entrelacées qu’elles sont, les grandes lignes d’un plan se dessinent pourtant ici : 1o critique de la rhétorique de fait, dans ses productions et dans son enseignement ; 2o détermination idéale d’une rhétorique de droit, qui se fonderait sur la dialectique ; 3o caractère de la dialectique en tant que propre à fonder cette nouvelle rhétorique.

I. Critique de la rhétorique existante. — Pour montrer à quel point sont injustifiées les prétentions de la rhétorique à se dire un art, Platon se place, comme on vient de le

  1. Sur la question, voir O. Navarre Essai sur la Rhétorique grecque avant Aristote, 1900 (thèse Paris) ; E. Drerup, die Anfänge der rhetor. Kunstprosa (Jahrb. f. class. Philologie, Supplem.-bd 27, 1902, p. 218-351) ; H. Gomperz, Isokrates und die Sokratik (Wiener Stud. vol. 28, 1906, p. 1-42) ; W. Süss, Ethos, Studien z. älteren Rhetorik, 1910, etc.