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NOTICE

E. — Voilà donc comment sont rendues ses ailes à l’âme de l’amoureux et comment elle fait un effort personnel pour se replacer, en intention et en image, dans le chœur divin auquel elle a appartenu. Aussi allons-nous voir (252 c 4 sqq.) ce qui en résulte, et pour la façon dont l’amant se comporte en amour, et pour la façon dont cet amour se communique à l’aimé. Tout d’abord l’amant, dans sa conduite à l’égard de l’aimé, manifeste son désir d’imiter le dieu duquel il dépend : il le choisit en effet assorti à sa propre nature telle qu’elle est déterminée par cette dépendance et, s’il lui rend un véritable culte, c’est qu’en lui il croit retrouver son dieu ; ce sont ceux qui ont été les suivants de Zeus, dont l’amour sera philosophe (cf. 250 b 7). Ensuite, dans l’âme du bien-aimé ainsi choisi, l’amoureux reverse[1] l’influence à laquelle il est

    252 b fin, elle semble évidente. N’est-il pas inconvenant en effet de se réclamer des Immortels pour donner au dieu Amour un nom qui, si vrai qu’il puisse être, n’est du moins pas le sien et qui, de plus, prête à rire ? La faute de prosodie serait double : devant deux consonnes δέ devrait être une longue et non une brève ; d’autre part, dans πτεροφύτορ’, le ύ devrait à son tour être une brève et non pas une longue, au moins selon l’usage moderne ; car il semble qu’originairement la voyelle ait été longue dans la racine φυ, ainsi qu’elle l’est restée dans plusieurs temps du verbe φύω et comme Aristote en admet la possibilité dans sa Métaphysique, Δ 4 déb.

  1. Avec le texte traditionnel ἐκ Διός (à la source de Zeus), il me semble difficile de ponctuer après les mots : pareils aux Bacchantes, ainsi qu’on le fait d’ordinaire. Quand en effet les Bacchantes, comme le dit l’Ion 534 a, sont en état de possession et puisent aux fleuves le lait et le miel, ce n’est pas Zeus qui est l’auteur de cette possession, mais bien (ce que note Hermias 191, 22) Dionysos, qui est leur patron. Si donc Platon les prend ici comme exemple, ce serait pour les montrer faisant part à autrui de ces douceurs que, dans leur ivresse, elles font sortir de l’eau. Ceci n’est pas encore toutefois pleinement satisfaisant, tandis que la conjecture de De Geer (cf. p. 48 n. 1), que je n’ai pas osé transporter dans le texte, paraît propre à faire disparaître toute difficulté. Pourquoi en effet serait-il de nouveau question ici de l’inspiration de Zeus, déjà envisagée 252 e 1 ? Pourquoi Dionysos ne serait-il pas nommé comme le sont plus bas Hèra et Apollon ? Il ne semble pas d’ailleurs que Platon pense à Dionysos en tant qu’il est patron des ivrognes ; mais plutôt ainsi qu’il le fera plus tard (265 b 3, passage auquel se réfère vraisemblablement Hermias loc. cit.), en tant que Dionysos est patron