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XIII
NOTICE

préside et règle quelque personnage, et où ce qui importe, ce n’est pas précisément le repas, lequel est souvent détestable, mais les discours qui en sont la suite et qui se prononcent au moment où sur la table il n’y a plus que les vins. Or un symposion se composait aussi de deux parties, dont la première est secondaire : le deipnon ou syndeipnon, et la seconde, essentielle : le potos ou sympotos, c’est-à-dire la beuverie commune, mais organisée en vue d’un autre objet que de boire : les convives deviennent alors des sympotoi, des co-buveurs[1]. À la vérité, pour nous renseigner sur le détail de cette organisation, nous n’avons guère que notre dialogue, avec le Banquet de Xénophon (pour lequel, cf. section IV de la Notice). Quelques indications, dans la littérature antérieure[2], sont de bien minces témoignages. Et nous avons moins encore à attendre de tous ces « Banquet » qu’on a écrits plus tard, simples cadres nominaux dans lesquels s’introduisent tour à tour des dissertations, prononcées par des orateurs sans personnalité définie[3]. Qu’on se reporte donc au récit de Platon : on y voit que le dîner n’est qu’un prologue auquel il ne s’attarde pas (176 bc) et que le passage à la pièce principale s’accompagne de libations, de prières et de cantiques, comme si cette manifestation de sociabilité autour des pots était un acte quasi religieux, et la constitution, réglée par des rites traditionnels, d’une association à durée limitée. La compagnie des buveurs se trace un programme, à la fois pour déterminer la façon dont on boira, pour dégager chacun des participants de toute obligation collective sur ce chapitre, ou au contraire pour l’imposer, enfin pour fixer l’objet distinct dont on s’occupera tout en buvant (176 a-177 d et 213 e-214 e ; cf. 223 b mil.). Elle se donne un président

  1. Il est à remarquer cependant que le mot syndeipnon paraît être employé comme équivalent de symposion à 172 b 1 ; ce que confirme un passage où Cicéron (Ad fam. IX 24, 3) traduit les deux termes grecs par compotatio ou par concenatio.
  2. Voir l’Introduction de Hug à son édition, p. xiii-xv.
  3. De cette littérature symposiaque nous avons gardé le Banquet des Sept Sages et les 9 livres des Propos (ou plutôt Questions) de table de Plutarque ; les Deipnosophistes ou le Banquet des Savants, d’Athénée ; un Banquet de Lucien ; d’autres de Julien et de Macrobe ; enfin, de l’évêque Méthodius (fin du iiie s. et début du ive), un Banquet (des dix Vierges) ou de la Chasteté, ridicule pastiche de Platon.