Page:Platon - Œuvres complètes, Les Belles Lettres, tome IV, 1 (éd. Robin).djvu/69

Cette page a été validée par deux contributeurs.
lxiii
NOTICE

philosophe, à un calcul de chances analogue à celui qu’il faisait à la fin de la deuxième partie (cf. 84 ab), Mais ce calcul est maintenant mieux fondé : il l’est sur la base d’une preuve démonstrative. Ainsi, d’un bout à l’autre, le Phédon se présente à nous comme un sermon sur la mort : à travers les hésitations, les craintes, les doutes, il ne cesse de chercher des motifs de sérénité et d’espérance dans la détermination toujours plus exacte d’une certitude rationnelle.


Épilogue
(116 a-fin).

De l’épisode final il n’y a rien à dire n’ait été dit depuis longtemps : c’est un tableau d’une grandeur sobre et familière, qui émeut sans chercher à émouvoir, par le seul contraste de la sérénité de Socrate avec la douleur de ses amis, par la description précise de faits, dont chacun marque un progrès vers la complète libération du Sage.

IV

LE MYTHE FINAL DU PHÉDON

Le mythe qui termine la troisième partie du Phédon constitue une sorte de géographie générale, une étude de la structure de la terre, des îles Fortunées jusqu’au tréfond central du Tartare. Ce n’est donc pas seulement une représentation des lieux infernaux[1]. De plus, quelle que puisse être aux yeux d’un moderne l’étrangeté de ce morceau, il faut bien se garder d’y voir la fantaisie d’une imagination poétique : c’est au contraire une tentative très sérieuse pour donner d’un problème physique une solution autre que celle des cosmologies naturalistes et pour dépasser d’autre part les travaux de la géographie purement descriptive[2]. Sans doute cette solution est hypothétique ; elle ne vise qu’à la vraisem-

  1. C’est, d’après Olympiodore (228, 25 sqq. ; 128, 9 sqq. Norvin), une Nekyia, la troisième de Platon : celle des lieux ou de la distribution des séjours ; celle du Gorgias étant la nekyia des juges et celle de Rep. X, la nekyia des justiciables.
  2. Peut-être est-ce surtout à ces derniers que pense Platon, 108 c fin, aux travaux des géographes de l’École de Milet : Anaximandre, Hécatée, Aristagoras. Cf. p. 87, n. 1.