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NOTICE

en outre, les souvenirs latents qu’elle a des réalités absolues prouvent assez que sa fonction propre est la pensée pure ; ainsi les deux premières raisons de la deuxième partie avaient acquis une nouvelle force. Enfin, si l’on savait par la troisième raison à quoi est apparentée notre âme, on ignorait encore ce qu’elle est : après la réponse à Cébès, on sait qu’elle est une chose concrète bien qu’invisible (cf. 79 b), une chose comme une neige, comme un feu, etc. C’est donc une chose qualifiée, et les caractères qu’elle possède ne peuvent s’expliquer que par sa participation à une essence intelligible. À son tour en effet cette essence est complexe : à l’essence dont elle a en propre le nom, et qui est comme le support de l’ensemble, elle unit indissolublement une essence de qualité sans laquelle elle resterait inachevée et ne serait pas ce qu’elle est (cf. 104 d s. fin.). Or, dans le cas de la Neige, du Feu, etc., aux sujets sensibles qui participent à ces essences complexes aucun droit à l’immortalité n’est conféré par les essences de qualités, le Froid, le Chaud, etc., qui les achèvent. Bien mieux, notre corps est fatalement voué à la mort, parce qu’en nous il est ce qui participe d’une essence qui comporte nécessairement, avec la dissolution, la Mortalité. Tout au contraire, l’essence en vertu de laquelle existent les âmes qui font vivre nos corps, l’Idée de l’âme simplement comme âme, est une essence qui comporte nécessairement, comme sa détermination et son achèvement, l’essence de la Vie ; celle-ci confère donc à nos âmes l’immortalité ; pour les sujets qui en participent, c’est entre toutes une essence privilégiée. Le problème de l’âme et de la vie est un problème particulier de la Physique ; mais les méthodes de la Physique ont été impuissantes à le résoudre. La nouvelle méthode, la méthode logique, se flatte d’y avoir réussi, en le rattachant à un système général d’interprétation de la Nature, en même temps qu’à une conception de l’intelligibilité et de l’explication causale, c’est-à-dire à une doctrine du Savoir : d’une part c’est l’interprétation morale ou finaliste de la Nature et, de l’autre, c’est la théorie des Idées.

III. Il ne semble pas toutefois que Platon juge pleinement satisfaisante sa théorie de l’âme. C’est ce que montrent les doutes qu’il laisse subsister dans l’esprit de Simmias. Le scepticisme de ce dernier ne vise pas spécialement, à la