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PHÉDON

toutes les fois que j’énonce trois de quoi que ce soit, le sujet qui reçoit ainsi l’Idée du trois, est forcé d’être impair en même temps qu’il est trois ; sans l’Impair, dont il reçoit l’Idée avec celle du trois, il n’aurait pas achevé d’être trois. D’où impossibilité pour lui de se laisser aborder par la nature contraire de celle qui constitue cet achèvement, c’est-à-dire par l’Idée du pair ; donc rien de ce qui est trois ne participe du Pair ; autrement dit, tout ce qui est trois est non-pair. De même, quand ceci devient du feu parce qu’il reçoit l’Idée du feu, avec elle cette essence importe en lui inséparablement l’Idée du chaud, et le contraire déterminé, ainsi importé dans la chose, empêche le sujet de recevoir le contraire déterminé qui s’y oppose, le Froid. Ce contraire est de son côté inhérent au sujet neige, qui cependant n’est pas le contraire du sujet feu. Voilà le dernier point sur lequel on doit s’entendre (104 c-105 b).

β. Cette première étape de la démonstration comportait trois relais, marqués chacun par un ὁμολόγημα, un accord : 1o  des choses, qui ne sont pas des contraires, s’excluent cependant comme des contraires, parce qu’à chacune est nécessairement lié l’un de ces contraires ; 2o  l’une ne peut par conséquent devenir l’autre ; mais devant le contraire qui est nécessairement lié à l’autre chose, ou bien elle se retirera, ou bien elle périra ; 3o  cette liaison inséparable étant transportée dans le sujet concret par l’Idée qui l’informe et dont il participe, de ce sujet sera nécessairement nié l’attribut contraire de celui qu’il possède. L’argumentation est prête à franchir sa dernière étape, l’étape décisive. — Revenons sur nos pas. Une façon de rendre raison de la présence d’une qualité dans une chose sensible a déjà été proposée : celle qui consiste à dire que cette chose participe à l’essence intelligible de cette qualité : ce corps, participant à la Chaleur, devient chaud. Mais, maintenant qu’on connaît l’existence d’une liaison essentielle entre la Chaleur et le Feu, on peut répondre autrement : ce corps est chaud, dira-t-on, parce qu’il participe du Feu. Or, selon ce mode d’explication, la cause en vertu de laquelle un corps est vivant, ce doit être son âme ; car, en s’imposant au sujet sensible qui en participe,

    résumé précis de ce qui a été dit depuis 103 c 8. Le voisinage de αὑτοῦ, αὐτό expliquerait que τῳ ait pu devenir αὐτῷ.