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PHÉDON

jamais n’est dans l’identité et qui tantôt se comporte ainsi et tantôt autrement, c’est cela qui est le composé ? — À mon avis au moins, c’est ainsi. — En route maintenant, dit-il, vers cela même où nous avait menés l’argumentation précédente ! Cette réalité en elle-même, de l’être de laquelle nous d rendons raison dans nos interrogations comme dans nos réponses, dis-moi, se comporte-t-elle toujours de même façon dans son identité, ou bien tantôt ainsi et tantôt autrement ? L’Égal en soi, le Beau en soi, le réel en soi de chaque chose, ou son être, se peut-il que cela soit susceptible d’un changement quelconque ? Ou plutôt chacun de ces réels, dont la forme est une en soi et par soi, ne se comporte-t-il pas toujours de même façon en son identité, sans admettre, ni jamais, ni nulle part, ni en rien, aucune altération ? — C’est nécessairement de la même façon, dit Cébès, que chacun garde son identité, Socrate. — Et d’autre part, qu’en est-il des multiples exemplaires de beauté, ainsi des hommes, des chevaux, des vêtements, e ou de n’importe quoi encore du même genre, et qui est ou égal, ou beau, bref désigné par le même nom que chacun des réels en question ? Est-ce qu’ils gardent leur identité ? ou bien, tout au contraire de ce qui a lieu pour les premiers, ne niera-t-on pas qu’ils soient, ni pareils à eux-mêmes et entre eux, ni jamais, à parler franc, aucunement dans l’identité ? — Et de la sorte, dit Cébès, ils ne se comportent jamais non plus de même façon. — Ainsi donc, 79 n’est-ce pas, les uns, tu peux les toucher, les voir, tes autres sens peuvent t’en donner la sensation ; tandis que les autres, qui gardent leur identité, il n’y a absolument pas pour toi d’autre moyen de les appréhender sinon la pensée réfléchie, les choses de ce genre étant bien plutôt invisibles et soustraites à la vision[1] ? — C’est, dit-il, on ne peut plus vrai !

— Admettons donc, veux-tu ? qu’il y a deux espèces de

    elle est dans un même rapport à telle autre Idée, ainsi la Petitesse. Au contraire une chose grande peut devenir petite, ou, étant grande relativement à ceci, être petite relativement à cela. L’identité d’essence et de rapport est en outre, dans l’Idée, permanente, à l’inverse de ce qui a lieu pour les choses sensibles. Voir l’analyse de 102 a-103 a.

  1. C’est ce que Socrate a dit 65 b, e sq.