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NOTICE

II

LE PROBLÈME HISTORIQUE

Le Phédon n’est pas, on le sait, un dialogue direct, comme par exemple le Gorgias ou le Ménon. C’est, encadré dans un tel dialogue, le récit du dernier entretien de Socrate avec ses fidèles[1], le jour même où il but la ciguë.

Le récit est fait par Phédon d’Élis, un de ces fidèles, à Échécrate de Phlionte, qui est impatient de connaître, d’après un témoin, les circonstances de la mort de Socrate et surtout ce qu’il a dit avant de mourir. Quelles sont chez Échécrate les raisons de cette curiosité ? Il n’appartient pas au groupe socratique ; c’est un Pythagoricien et, avec trois autres Phliasiens, un des cinq membres de la Secte que connut Aristoxène de Tarente, le Musicien[2]. Mais, sans parler de la place qu’y tiennent Simmias et Cébès, plus d’un détail dans le dialogue (p. ex. 59 b, 60 a) est fait pour laisser croire qu’entre les Pythagoriciens de Grèce et les Socratiques il existe des relations habituelles. D’autre part, bien que sans doute Socrate soit mort depuis quelque temps déjà (cf. 58 a fin), Platon suggère que l’événement est assez récent pour s’imposer à la préoccupation d’Échécrate comme au souvenir de Phédon.

Le nom de Phédon a été popularisé par notre dialogue. Mais au sujet de sa personne et de ses doctrines notre ignorance n’est guère moins grande que pour Échécrate. Sur quoi se fonde la tradition d’après laquelle, appartenant à une noble famille d’Élis, il aurait été amené à Athènes comme prison-

  1. Les membres d’un groupe philosophique, réunis autour d’un directeur, et que le groupe soit ou non constitué régulièrement en école, sont des associés et des confrères. C’est pourquoi le mot ἑταῖρος m’a paru devoir être rendu par camarade, plutôt que par ami.
  2. Diogène Laërce VIII, 46. Échécrate est mentionné aussi dans le catalogue des Pythagoriciens que dresse Jamblique à la fin de sa Vie de Pythagore (267) ; parmi les femmes pythagoriciennes est nommée une Échécratie de Phlionte, peut-être sa fille. Voir p. 1, n. 1.