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Le système vocalique

§ 128. Exemples du premier cas : nõ꞉s (nós) « coutume » ; mᴜ̃ꞏər (mór) « grand » ; nə mnɑ̃꞉ (na mná) « les femmes » ; ᴀ̃ᴜ̃nlən (annlan) « assaison­ne­ment » ; sgᴀ̃ᴜ̃nrə (scannradh) « terreur » ; ʃõ꞉mrə (seomra) « chambre » ; lɪ̃ŋʹgʹəs (luingeas) « flotte », mais toujours banʹɩ (bainne) « lait », etc., sans nasali­sation.

Exemples du deuxième cas : ᴀ̃ᴜ̃rəs (amhras) « doute » ; ᴀ̃ᴜ̃lɩgʹ (amhlaidh) « vrai­semblable » ; dᴀ̃ᴜ̃n (domhan) « monde » ; kõ꞉rsə (comharsa) « voisin » ; snɑ̃꞉ṽ (snámh) « nage » ; sɑ̃꞉ṽ (sámh) « tran­quille » ; ganʹĩ꞉ (gainimhe), gén. de ganʲə̃ṽ (gaineamh) « sable » ; kõ꞉lə (comhla) « battant de porte » ; kõ꞉lᴜꞏədər (comh­luadar) « commerce, intimité » ; kᴜ̃꞉ŋg (cumhang) « étroit » ; cf. pour plus d’exemples §§ 54, 55 et 59.

§ 129. La nasali­sation a tendance à dispa­raître dans le parler. Un sujet l’emploie d’ordinaire d’autant plus régulière­ment qu’il est plus âgé. Dans le deuxième cas cité, on peut dire que la nasali­sation est rigou­reuse chez tous les sujets âgés de plus de cinquante ans (environ), même chez ceux qui ne possèdent pas de spirantes nasa­lisées. Les jeunes gens, au contraire, ne la présen­tent que rarement, et de façon incon­sistante : j’ai connu des jeunes filles de 16 à 20 ans que l’on pouvait écouter parler un long temps sans parvenir à saisir une voyelle nettement et entière­ment nasalisée.

La nasalisation peut servir à distin­guer divers mots ou formes de mots :

lɑ꞉ (lá) « jour » ; lɑ̃ (lámha), plur. de lɑ̃꞉v (lámh) « main ».

rɑ꞉ (rádh) « dire », madʹɩ rɑ̃꞉ (maide rámha) « rame ».

dʹi꞉ʃ (dís) « deux personnes » ; dĩ꞉ʃ (deimhis) « tondeuse à moutons ».

Mais il ne s’agit que de quelques exemples isolés.

La nasalisation paraît favoriser la tendance à la fermeture de o en et à la simpli­fication des diph­tongues (cf. § 169).

§ 130. Tension. — Une voyelle longue est toujours tendue.

Une voyelle brève est tendue en position tonique, lâche en position atone.