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20 c — 21 d
Gutturales
  1. 2) dans le singulier de l’adjectif numéral אֶחָד un, f. אַחַ֫ת (mais pl. אֲחָדִים). Forme qatal ; comp. ar. أَحَد ʾaḥad. Cf. § 100 b.
  2. 3) dans le singulier de l’adjectif אַחֵר autre (rac. اخر ʾḫr), f. אַחֶ֫רֶת (mais pl. אֲחֵרִים, אֲחֵרוֹת). Forme qatil.
  3. 4) dans la préposition אַחַ֫ר après (§ 103 n) (proprement état cst. d’un substantif de forme qatal dont l’état abs. n’existe pas ; rac. اخر ʾḫr) (mais la préposition avec la forme de l’état cst. pl. est אַֽחֲרֵי).
  4. 5) dans le nom מִבְטָח confiance avec suffixes, p. ex. מִבְטַחִי § 96 C b.
§ 21. Influence des consonnes gutturales sur les voyelles.

a L’influence des consonnes gutturales sur les voyelles est considérable. Les gutturales aiment la voyelle ◌ַ qui leur est homogène ; elles tendent à l’introduire ou à rapprocher les autres voyelles du son a. Le degré d’affection des gutturales pour la voyelle ◌ַ est, dans l’ordre décroissant, ע > ח > ה > א.

b La voyelle ◌ַ supplante souvent une voyelle primitive i, u devant une gutturale fermant une syllabe tonique. Ainsi le futur du verbe d’action שָׁלַח envoyer est en contexte יִשְׁלַח (au lieu de *i̯išluḥ) ; le futur piel est en contexte יְשַׁלַּח (au lieu de *ešalliḥ, P. יְשַׁלֵּ֑חַ). L’état cst. de *mizbiḥ est מִזְבַּח (abs. מִזְבֵּחַ autel).

c La voyelle ◌ַ se glisse furtivement devant une gutturale fermant une syllabe tonique finale, après les voyelles hétérogènes aux gutturales, à savoir les voyelles longues ọ̄, ī, ū, qui ne peuvent jamais être supplantées, et les voyelles moyennes , qui, en certaines circonstances, ne peuvent pas être supplantées. Ce ◌ַ, appelé d’une façon pittoresque pataḥ furtif, est un extrêmement bref ; il est employé ici en fonction consonantique, c.-à-d. qu’il forme avec la voyelle précédente une diphtongue descendante, p. ex. רוּחַ « esprit » ou rūa̯ḥ[1] ; inf. cst. שְׁלֹחַ.

d Avant une gutturale qui ferme (ou est censée fermer) une syllabe atone, les voyelles primitives i, u deviennent en hébreu , ,

  1. Brockelmann, 1, p. 198 ; Bauer 1, p. 169. — En arabe vulgaire ce même phonème existe, p. ex. dans ce même mot رُوح « esprit » et vulg. « va-t’en ! », qu’on prononce .