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Accents — Texte massorétique

indiquent directement la place du ton, et que le postpositif pashṭå l’indique indirectement (§ f). Le lecteur du texte sacré devra donc, dès le début, mettre le ton dans tous les cas où les accents l’indiquent. En pratique il convient de marquer fortement le ton mileʿel, et légèrement le ton mileraʿ.

m Le påseq (פָּסֵק participe araméen : séparant) est un trait vertical mis à gauche d’un mot. Ce signe est matériellement semblable au trait vertical de certains accents (legarmeh, grand shalshelet). Le paseq a été introduit à une epoque tardive et d’une manière assez peu cohérente, de sorte que son emploi n’est pas bien clair. Dans la plupart des 480 paseq environ de nos éditions[1], ce signe a pour but d’empêcher d’unir deux mots, dans des circonstances déterminées, p. ex. quand la même consonne finit et commence un mot, comme dans Jér 51, 37 בָבֶ֨ל ׀ לְגַלִּ֧ים ׀ מְעוֹן־. Mais de nombreux paseq ne semblent pas avoir ce rôle de séparateur, et plusieurs conjectures, plus ou moins vraisemblables, ont été proposées pour expliquer leur présence : le paseq serait un signe critique ; il indiquerait une ancienne abréviation ; il indiquerait l’insertion d’une petite glose ; etc.

n Sur les accents les deux livres fondamentaux sont W. Wickes, On the Accentuation of the Three so-called Poetical Books of the Old Testament (1881) et On the Accentuation of the Twenty-one so-called Prose Books of the Old Testament (1887). Consulter aussi l’article Accents de Max L. Margolis dans la Jewish Encyclopedia ; J. Derenbourg, Quelques observations sur l’accentuation (Journal Asiatique 1870, t. 2, pp. 519−528) ; P. Kahle, Zur Geschichte der hebr. Accente (Zeitschrift der deutschen morgenl. Gesellschaft, 1901, pp. 167−194).

§ 16. Du texte massorétique et de la massore.

a Le texte de nos éditions du texte hébreu, avec toutes ses particularités, est appelé communément texte massorétique[2]. En réalité certaines particularités de notre texte sont antérieures aux massorètes ;

  1. La liste dans Wickes, Accentuation of Prose Books (cf. § n), pp. 120 sqq.
  2. Massore répond à la forme récente מַסּוֹרָה ou מָֽסוֹרָה pour מַסֹּ֫רֶת tradition, du néo-hébreu מָסַר tradere. Le mot n’a rien de commun avec מָסֹ֫רֶת d’Éz 20, 37 † « lien » pour מַֽאֲסֹ֫רֶת.