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Généralités

faisante. Mais il y a, par contre, un grand nombre d’exemples, principalement dans la bonne prose narrative, où la valeur propre des formes temporelles apparaît d’une façon assez claire. De ces exemples clairs nous tâcherons de dégager les principes qui peuvent guider pour l’explication des cas plus ou moins difficiles. Pour la résolution des difficultés, il est bon de se rappeler les points suivants. L’emploi des temps n’est pas soumis à des règles absolument rigides ; en hébreu, comme en toute langue, l’écrivain jouit d’une certaine liberté grammaticale. En poésie le choix de telle forme peut être dicté par des considérations non grammaticales, par exemple, par quelque nécessité métrique. Une forme qui a originairement une valeur bien précise, peut perdre cette valeur par suite d’un usage trop fréquent ou trop large ; tel emploi peut même devenir, pour ainsi dire, mécanique. Enfin il faut prévoir ici plus que partout ailleurs la possibilité de menues altérations du texte massorétique : or un changement graphique minime peut dénaturer entièrement la forme.

b Terminologie. Aucun terme de nos langues ne peut exprimer exactement et pleinement la nature complexe des deux temps finis de l’hébreu, le temps à afformantes et le temps à préformantes et afformantes. Ici, comme dans la Morphologie (§ 40 b), nous emploierons, faute de mieux, les termes vulgaires et disparates parfait et futur, qui ont du moins l’avantage d’être courts et de correspondre à la réalité dans la majorité des cas. Mais comme, en syntaxe, il est souvent nécessaire d’éviter toute équivoque entre la forme temporelle et l’idée temporelle qu’elle exprime, nous désignerons souvent les formes temporelles par des noms propres pris du paradigme usuel קָטַל ; nous dirons le qatal pour le parfait, le yiqtol pour le futur. De même pour les formes avec waw nous dirons le wayyiqtol pour le futur inverti, le weqataltí pour le parfait inverti ; et semblablement pour les modes volitifs indirects : weʾeqtelah (cohortatif), uqetol (impératif), weyiqtol (jussif) ou plus clairement weyaqom. Pour la commodité on pourra aussi appeler le participe actif qōtel, le participe passif qatūl ; l’infinitif absolu qatōl, l’infinitif construit qetol.

c Valeur des formes temporelles. Les formes temporelles de l’hébreu expriment à la fois des temps et certaines modalités de l’action. Comme dans nos langues, elles expriment principalement des