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cation sont rudes et la somme de science dont il faut témoigner pour être admis dans un couvent bouddhiste est immense. La littérature bouddhique[1] est un inépuisable trésor de controverses sans fin, de commentaires à perte de vue et plus nuageux que les sommets de l’Himalaya[2]. Un religieux bouddhiste doit connaître à fond la partie canonique de cette littérature compliquée et la bien connaître, s’il veut être admis moine dans un couvent. Très peu d’aspirants arrivent à satisfaire aux exigences de ces épreuves multipliées.

L’admission comme religieuse, dans un couvent de femmes, est également entourée de beaucoup de précautions ; mais ici les précautions et les exigences sont d’un autre ordre et dans tous les cas douces et faciles, en comparaison de celles qui barrent la porte des couvents aux hommes.

L’extase est surtout ce qui est requis des femmes, et, nous le savons, le tempérament de la femme se prête partout à cette condition à peu près facultative pour chacune d’elles.

La vocation de religieuse, qui assure aux femmes le repos dans cette vie et qui leur fait entrevoir pour l’existence d’outre-tombe le repos extatique du Nirvana, a ainsi un attrait particulièrement alléchant pour une population toute préparée au mysticisme par le milieu où elle vit.

Aussi la légion des religieuses bouddhistes est-elle au Ti-

  1. La collection complète des livres de la loi bouddhique se compose de deux parties bien distinctes : la première (le Kah gyour, traduction des commandements), qui est aussi la plus ancienne, passe pour être la parole même du Bouddha, recueillie par ses principaux disciples ; la seconde (le Stan gyour, instructions traduites), au contraire, n’a pas le caractère de tradition directe.

    La première partie compte cent volumes in-folio oblongs, contenant mille quatre-vingt-trois traités.

    La seconde partie compte deux cent vingt-cinq volumes in-folio oblongs, renfermant près de quatre mille traités (É. Foucaux, Rgya Tch’er Rol Pa, 2e partie, introduction, p. vi et vii et notes).

  2. Il peut suffire, pour se convaincre de ce que vaut cette littérature de métaphysique transcendante, de se donner la satisfaction de lire dans Burnouf, Introduction à l’histoire du buddhisme indien, le Sûtra de mândhrâti, p. 74 et suiv.