Page:Nicolas Roland, Guide spirituel et fondateur.pdf/16

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

compris la nécessité d’une Église missionnaire. Ce qu’il réclame dès lors, c’est la liberté apostolique de trouver un style nouveau pour la vie canoniale elle-même, afin de répondre à des appels nouveaux. La passion d’annoncer l’Évangile confère à cet homme d’ordre la force de questionner sur ce point l’ordre établi, de réclamer et de promouvoir la transformation d’un style de vie, au bénéfice du service missionnaire. [Sur tout cela : Mémoire touchant le règlement faire entre Messieurs du chapitre et le Théologal… - Réponse du Chapitre de Reims au Mémoire présenté à Monseigneur l’Archevêque par le Sieur Roland Théologal… (EA 4). Le débat était aussi d’ordre financier : il manquait au théologal-missionnaire des "jetons de présence" d’assiduité au chœur ! Et les collègues prétendaient récupérer les sommes correspondant à ses absences.] L’ardeur des propos sur le zèle qu’il multipliera pour ses sœurs, s’enracine dans cette expérience personnelle.

Ne pourrait-on parler ensuite d’une conversion de Roland… à la simplicité ? L’épisode qui va être narré ne suffit certes pas à rendre compte de la richesse complexe et unifiée de l’enseignement de Roland sur cette vertu. Il ne lui est cependant pas étranger. Dans l’exercice de son ministère de prédicateur, il perçoit assez rapidement qu’il lui faut changer de langage, transformer son style fleuri qu’il croyait utile à sa réputation. Dans ses premiers sermons, écrit son ami Guillaume Rogier, il est vrai qu’il recourait aux ornements du langage. Mais, poursuit le même témoin, dès la 27e année de son âge, il se dégoûta de cette manière de prêcher et il me dit : “Frère – c’est ainsi qu’il m’appelait –, il faut changer de style et prêcher plus apostoliquement ; et parce que le peuple et les grandes personnes profitent peu des meilleurs sermons, je suis résolu […] de travailler à établir des écoles gratuites pour l’instruction des petites filles”. [Témoignage de M. Guillaume Rogier TC 11, 2.]

Cette conversion à la simplicité d’un langage évangélique plus pur, dépouillé des faux ornements de la sagesse humaine, est liée à la conversion de Roland aux pauvres. Les Remontrances de Demia avaient impressionné son esprit. Mais attentif à la réalité concrète qu’il découvre dans les missions, il se laisse toucher par la vision d’un mal qu’on ne peut assez déplorer ; il (va chercher) toutes les voies pour y remédier. Ce mal, c’est le défaut d’éducation et d’instruction de la jeunesse. Sur cette réalité cette fois expérimentée, Roland porte à la fois le regard réaliste d’un homme qui se laisse remettre en question par la vie, et la vision mystique du péché du monde qui fait pièce à l’amour salvifique de Dieu : Tant de personnes passent, ou pour mieux dire, perdent le temps et l’argent à se parer, nourrir, vêtir, divertir. Cependant “le juste périt” dit le Prophète. [LD 17.]