CHAPITRE VI.
Comment on supplée à la vertu dans le gouvernement monarchique.
JE me hâte, & je marche à grands pas, afin qu’on ne croie pas que je fasse une satyre du gouvernement monarchique. Non : s’il manque d’un ressort, il en a un autre. L’HONNEUR, c’est-à-dire, le préjugé de chaque personne & de chaque condition, prend la place de la vertu politique dont j’ai parlé, & la représente par-tout. Il y peut inspirer les plus belles actions ; il peut, joint à la force des loix, conduire au but du gouvernement, comme la vertu même.
Ainsi, dans les monarchies bien réglées, tout le monde sera à-peu-près bon citoyen, & on trouvera rarement quelqu’un qui soit homme de bien ; car, pour être homme de bien[1], il faut avoir intention de l’être[2], & aimer l’état moins pour soi que pour lui-même.
CHAPITRE VII.
Du principe de la mornarchie.
LE gouvernement monarchique suppose, comme nous avons dit, des prééminences, des rangs, & même une noblesse d’origine. La nature de l'honneur est de demander des préférences & des distinctions ; il est donc, par la chose même, placé dans ce gouvernement.
L’ambition est pernicieuse dans une république : elle