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selle de la Charnaye, insérée dans la Revue des Deux Mondes, est l’expression la plus complète de cette phase ; &, vraisemblablement, s’il nous eût donné beaucoup de nouvelles comparables à celle-ci pour l’émotion & la vérité, ce n’est pas au second rang, mais bien au premier, que nous aurions aujourd’hui à placer Édouard Ourliac. Mademoiselle de la Charnaye donne à regretter que, trop peu confiant en ses forces, il n’ait pas accordé plus de développements à ses récits ; alors, nous aurions eu mieux qu’un romancier de chevalet. N’a-t-il pas voulu ou n’a-t-il pas pu ? Son ambition était-elle uniquement de se créer une place isolée dans un genre où il avait l’espoir de devenir maître ? S’il en fut ainsi, on ne lui refusera pas d’avoir atteint en partie son but ; car de son vivant il fut le plus habile écrivain de nouvelles, à côté de Gozlan, & c’est pourquoi sans doute il ne crut pas devoir être ingrat envers une spécialité à laquelle il devait sa fortune littéraire.

Cette période, la plus décisive pour son talent, & employée en outre aux réflexions les plus salutaires, aux retours les plus graves (il s’était mis à la lecture de MM. de Bonald & de Maistre), peut être regardée comme la plus heureuse de sa vie. Il gagnait son pain avec sa plume, il se sentait dans une excellente voie morale, il était