Page:Michelet - OC, Histoire de France, t. 2.djvu/572

Cette page a été validée par deux contributeurs.
562
HISTOIRE DE FRANCE

et tout en jouant il lui dit : « Le Dieu de Moïse, en qui vous croyez, ne vous aiderait guère à ce jeu », et il ajouta : « Que jamais ce Dieu ne me soit en aide ! » — Une autre fois, comme le comte devait aller de Toulouse en Provence, pour combattre quelque ennemi, se levant au milieu de la nuit, il vint à la maison où étaient rassemblés les hérétiques toulousains, et leur dit : « Mes seigneurs et mes frères, la fortune de la guerre est variable ; quoi qu’il m’arrive, je remets en vos mains mon corps et mon âme. » Puis il emmena avec lui deux hérétiques en habit séculier, afin que s’il venait à mourir il mourût entre leurs mains. — Un jour que ce maudit comte était malade dans l’Aragon, le mal faisant beaucoup de progrès, il se fit faire une litière, et dans cette litière se fit transporter à Toulouse ; et comme on lui demandait pourquoi il se faisait transporter en si grande hâte, quoique accablé par une grave maladie, il répondit, le misérable ! « Parce qu’il n’y a pas de Bons Hommes dans cette terre, entre les mains de qui je puisse mourir. » Or, les hérétiques se font appeler Bons Hommes par leurs partisans. Mais il se montrait hérétique par ses signes et ses discours, bien plus clairement encore ; car il disait : « Je sais que je perdrai ma terre pour ces Bons Hommes ; eh bien ! la perte de ma terre, et encore celle de la tête, je suis prêt à tout souffrir. »


115 — page 383Le pape fut un instant ébranlé

Il reprocha à Montfort « d’étendre des mains avides jusque sur celles des terres de Raymond qui n’étaient nullement infectées d’hérésie, et de ne lui avoir guère laissé que Montauban et Toulouse… » Don Pedro d’Aragon se plaignait qu’on envahît injustement les possessions de ses vassaux les comtes de Foix, de Comminges et de Béarn, et que Montfort lui vînt enlever ses propres terres tandis qu’il combattait les Sarrasins. Epist. Inn. III, 708-10.


116 — page 388Jean se soumit et fit hommage au pape

Rymer, t. I, p. 111 : « Johannes Dei gratia rex Angliæ… libere concedimus Deo et SS. Apostolis, etc., ac domino nostro papæ Innocentio ejusque catholicis successoribus totum regnum Angliæ, et totum regnum Hiberniæ, etc… illa tanquam feodatarius recipientes… Ecclesia romana mille marcas sterlingorum percipiat annuatim, etc. »

Les barons déclarèrent leur roi dégradé par sa soumission aux prêtres

Math. Paris, p. 271 : « Tu Johannes lugubris memoriæ pro