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HISTOIRE DE FRANCE

dirent qu’il n’était pas tenu à l’exécution de sa promesse. Mais il répondit : « Seigneurs, veez ci séel, de quoi je usoy avant que je alasse outremer, et voit-on cler par ce séel que l’empreinte du séel brisé est semblable au séel entier ; par quoy je n’oseroie en bonne conscience ladite contée retenir[1]. »

Un vendredi saint, tandis que saint Louis lisait le psautier, les parents d’un gentilhomme détenu au Châtelet vinrent lui demander sa grâce, lui représentant que ce jour était un jour de pardon.

Le roi posa le doigt sur le verset où il en était : « Beati qui custodiunt judicium, et justitiam faciunt in omni tempore. » Puis il ordonna de faire venir le prévôt de Paris, et continua sa lecture. Le prévôt lui apprit que les crimes du détenu étaient énormes. Sur cela saint Louis lui ordonna de conduire sur-le-champ le coupable au gibet.

Saint Louis s’entourait de Franciscains et de Dominicains. Dans les questions épineuses il consultait saint Thomas. Il envoyait des Mendiants pour surveiller les provinces, à l’imitation des missi dominici de Charlemagne[2]. Cette Église mystique le rendait fort contre l’Église épiscopale et pontificale ; elle lui donna le courage de résister au pape en faveur des évêques, et aux évêques eux-mêmes.

Les prélats du royaume s’assemblèrent un jour, et l’évêque d’Auxerre dit en leur nom à saint Louis : « Sire, ces seigneurs qui ci sont, arcevesques, eves-

  1. Joinville.
  2. App. 135.