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LOUIS IX

leurs occasionnèrent une épidémie meurtrière dans son armée. Lui-même il languissait, lorsque le duc de Bretagne et les comtes de Lusignan, de la Marche, d’Angoulême et de Champagne s’entendirent pour se retirer. Ils se repentaient tous d’avoir aidé aux succès du roi ; le comte de Champagne, amant de la reine (telle est du moins la tradition), fut accusé d’avoir empoisonné Louis, qui mourut peu après son départ (1226).

La régence et la tutelle du jeune Louis IX eût appartenu, d’après les lois féodales, à son oncle Philippe-le-Hurepel (le grossier), comte de Boulogne. Le légat du pape et le comte de Champagne, qu’on disait également favorisés de la reine mère, Blanche de Castille, lui assurèrent la régence. C’était une grande nouveauté qu’une femme commandât à tant d’hommes ; c’était sortir d’une manière éclatante du système militaire et barbare qui avait prévalu jusque-là, pour entrer dans la voie pacifique de l’esprit moderne. L’Église y aida. Outre le légat, l’archevêque de Sens et l’évêque de Beauvais voulurent bien attester que le dernier roi avait, sur son lit de mort, nommé sa veuve régente. Son testament, que nous avons encore, n’en fait aucune mention[1]. Il est douteux, d’ailleurs, qu’il eût confié le royaume à une Espagnole, à la nièce du roi Jean, à une femme que le comte de Champagne avait prise, dit-on, pour l’objet de ses galanteries poétiques. Ce comte, ennemi d’abord du roi, comme les autres grands seigneurs, n’en fut

  1. App. 121.