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HISTOIRE DE FRANCE

tout le Midi, sauf quelques villes libres, se jeta dans les bras de Philippe-Auguste[1]. En 1222, le légat lui-même et les évêques du Midi le suppliaient à genoux d’accepter l’hommage de Montfort. C’est qu’en effet les vainqueurs ne savaient plus que faire de leur conquête et doutaient de s’y maintenir. Les quatre cent trente fiefs que Simon de Montfort avait donnés pour être régis selon la Coutume de Paris, pouvaient être arrachés aux nouveaux possesseurs s’ils ne s’assuraient un puissant protecteur. Les vaincus, qui avaient vu en plusieurs occasions le roi de France opposé au pape, espéraient de lui un peu plus d’équité et de douceur.

Si nous jetons à cette époque un regard sur l’Europe entière, nous découvrirons dans tous les États une faiblesse, une inconséquence de principe et de situation qui devait tourner au profit du roi de France.

Avant l’effroyable guerre qui amena la catastrophe du Midi, don Pedro et Raymond V avaient été ennemis des libertés municipales de Toulouse et de l’Aragon. Le roi d’Aragon avait voulu être couronné des mains du pape, et lui rendre hommage pour être moins dépendant des siens. Le comte de Toulouse, Raymond V, avait sollicité lui-même les rois de France et d’Angleterre de faire une croisade contre les libertés religieuses et politiques de la cité de Toulouse. Représentant du principe féodal, il eût voulu anéantir le

    dont le légat le pressait sans relâche pour son insouciance et sa mollesse : aussi priait-il, dit-on, le Seigneur de remédier à ses maux par le repos de la mort. La veille de Saint-Jean-Baptiste, une pierre lancée par un mangonneau lui tomba sur la tête, et il expira sur la place. »

  1. App. 118.