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TABLEAU DE LA FRANCE

tion[1]. Le noyer pivote sur le basalte, et le blé germe sur la pierre ponce[2]. Les feux intérieurs ne sont pas tellement assoupis que certaine vallée ne fume encore, et que les étouffis du Mont-Dore ne rappellent la Solfatare et la Grotte du Chien. Villes noires, bâties de lave (Clermont, Saint-Flour, etc.). Mais la campagne est belle, soit que vous parcouriez les vastes et solitaires prairies du Cantal et du Mont-Dore, au bruit monotone des cascades, soit que, de l’île basaltique où repose Clermont, vous promeniez vos regards sur la fertile Limagne et sur le Puy-de-Dôme, ce joli dé à coudre de sept cents toises, voilé, dévoilé tour à tour par les nuages qui l’aiment et qui ne peuvent ni le fuir ni lui rester. C’est qu’en effet l’Auvergne est battue d’un vent éternel et contradictoire, dont les vallées opposées et alternées de ses montagnes animent, irritent les courants. Pays froid sous un ciel déjà méridional, où l’on gèle sur les laves. Aussi, dans les montagnes, la population reste l’hiver presque toujours blottie dans les étables, entourée d’une chaude et lourde atmosphère[3]. Chargée, comme les Limousins, de je ne sais combien d’habits épais et pesants, on dirait une race méridionale[4] grelottant au vent du nord, et

  1. Les produits de la terre, comme de l’industrie, sont communs et grossiers, abondants il est vrai.
  2. Au nord de Saint-Flour, la terre est couverte d’une couche épaisse de pierres ponces, et n’en est pas moins très fertile.
  3. App. 13.
  4. En Limagne, race laide, qui semble méridionale ; de Brioude jusqu’aux sources de l’Allier, on dirait des crétins ou des mendiants espagnols. (De Pradt.)