aucun roi ne fut davantage selon le cœur des prêtres. C’était un prince cauteleux, plus pacifique que guerrier, quelles qu’aient été sous lui les acquisitions de la monarchie. La Philippide de Guillaume-le-Breton, imitation classique de l’Énéide par un chapelain du roi, nous a trompés sur le véritable caractère de Philippe II. Les romans ont achevé de le transfigurer en héros de chevalerie. Dans le fait, les grands succès de son règne, et la victoire de Bouvines elle-même, furent des fruits de sa politique et de la protection de l’Église.
Appelé Auguste pour être né dans le mois d’août, nous le voyons d’abord à quatorze ans malade de peur, pour s’être égaré la nuit dans une forêt[1]. Le premier acte de son règne est éminemment populaire et agréable à l’Église. D’après le conseil d’un ermite alors en grande réputation dans les environs de Paris, il chasse et dépouille les Juifs. C’était dans l’opinion du temps une profession de piété, un soulagement pour les chrétiens. Ceux que les Juifs ruinaient, enfermaient dans leurs prisons, ne manquaient pas d’applaudir.
Les blasphémateurs, les hérétiques furent impitoyablement livrés à l’Église et religieusement brûlés. Les soldats mercenaires que les rois anglais avaient répandus dans le Midi, et qui pillaient pour leur compte, furent poursuivis par Philippe. Il encouragea contre eux l’association populaire des capuchons[2]. Les