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HISTOIRE DE FRANCE

dans une forme plus sévère même que dans aucun pays de l’Occident. L’ordre hiérarchique et tout le détail de la justice féodale y fut réglé dans les fameuses Assises de Jérusalem par Godefroi et ses barons. Il y eut un prince de Galilée, un marquis de Jaffa, un baron de Sidon. Ces titres du moyen âge attachés aux noms les plus vénérables de l’antiquité biblique semblent un travestissement. Que la forteresse de David fût crénelée par un duc de Lorraine, qu’un géant barbare de l’Occident, un Gaulois, une tête blonde masquée de fer, s’appelât le marquis de Tyr, voilà ce que n’avait pas vu Daniel.

La Judée était devenue une France. Notre langue, portée par les Normands en Angleterre et en Sicile, le fut en Asie par la croisade. La langue française succéda, comme langue politique, à l’universalité de la langue latine, depuis l’Arabie jusqu’à l’Irlande. Le nom de Francs devint le nom commun des Occidentaux[1]. Et quelque faible encore que fût la royauté française, le frère du triste Philippe Ier, cet Hugues de Vermandois qui se sauva d’Antioche, n’en était pas moins appelé par les Grecs le frère du chef des princes chrétiens, et du roi des rois.

  1. App. 72.