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HISTOIRE DE FRANCE

son église, quelque prince prudent qui n’était pas fâché à tout événement d’avoir en bataille quelque relique sous sa cuirasse.

C’est un pèlerinage qui conduisit d’abord les Normands dans l’Italie du sud, où ils devaient fonder un royaume. Il y avait là, si je puis dire, trois débris, trois ruines de peuples : des Lombards dans les montagnes, des Grecs dans les ports, des Sarrasins de Sicile et d’Afrique qui voltigeaient sur toutes les côtes. Vers l’an 1000, des pèlerins normands aident les habitants de Salerne à chasser les Arabes qui les rançonnaient. Bien payés, ces Normands en attirent d’autres. Un Grec de Bari, nommé Melo ou Melès, en loue pour combattre les Grecs byzantins, et affranchir sa ville. Puis la république grecque de Naples les établit au fort d’Aversa, entre elle et ses ennemis, les Lombards de Capoue (1026). Enfin arrivent les fils d’un pauvre gentilhomme du Cotentin[1], Tancrède de Hauteville. Tancrède avait douze enfants ; sept des douze étaient de la même mère.

Pendant la minorité de Guillaume, lorsque tant de barons essayèrent de se soustraire au joug du Bâtard, les fils de Tancrède s’acheminèrent vers l’Italie, où l’on disait qu’un simple chevalier normand était devenu comte d’Aversa. Ils s’en allèrent sans argent, se défrayant sur les routes avec leur épée (1037 ?). Le gouverneur (ou kata pan) byzantin les embaucha, les mena contre les Arabes. Mais à mesure qu’il leur vint

  1. App. 57.