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FRANCE FÉODALE

au cou et la jeta sur ces pécheurs. Puis il alla prier pour eux[1]. »

Telle fut la douceur et l’innocence du premier roi capétien. Je dis le premier roi ; car son père, Hugues-Capet[2], se défia de son droit, et ne voulut jamais porter la couronne : il lui suffit de porter la chape, comme abbé de Saint-Martin de Tours. C’est sous ce bon Robert que se passa cette terrible époque de l’an 1000 ; et il sembla que la colère divine fût désarmée par cet homme simple, en qui s’était comme incarnée la paix de Dieu. L’humanité se rassura et espéra durer encore un peu ; elle vit, comme Ézéchias, que le Seigneur voulait bien ajouter à ses jours. Elle se leva de son agonie, se remit à vivre, à travailler, à bâtir : à bâtir d’abord les églises de Dieu. « Près de trois ans après l’an 1000, dit Glaber, dans presque tout l’univers, surtout dans l’Italie et dans les Gaules, les basiliques des églises furent renouvelées, quoique la plupart fussent encore assez belles pour n’en avoir nul besoin. Et cependant les peuples chrétiens semblaient rivaliser à qui élèverait les plus magnifiques. On eût dit que le monde se secouait et dépouillait sa vieillesse, pour revêtir la robe blanche des églises[3]. »

Et en récompense il y eut d’innombrables miracles. Des révélations, des visions merveilleuses firent partout découvrir de saintes reliques, depuis longtemps enfouies, et cachées à tous les yeux : « Les saints vinrent réclamer les honneurs d’une résurrection sur

  1. Helgaud.
  2. App. 46.
  3. Glaber.