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HISTOIRE DE FRANCE

Il semble que les Galls aient d’abord adoré des objets matériels, des phénomènes, des agents de la nature : lacs, fontaines, pierres, arbres, vents, en particulier le Kirk. Ce culte grossier fut, avec le temps, élevé et généralisé. Ces êtres, ces phénomènes eurent leurs génies ; il en fut de même des lieux et des tribus. De là, le dieu Tarann, esprit du tonnerre ; Vosège, déification des Vosges ; Pennin, des Alpes ; Arduinne, des Ardennes. De là le Génie des Arvernes ; Bibracte, déesse et cité des Édues ; Aventia, chez les Helvètes ; Nemausus (Nîmes) chez les Arécomikes, etc., etc.

Par un degré d’abstraction de plus, les forces générales de la nature, celles de l’âme humaine et de la société furent aussi déifiées. Tarann devint le dieu du ciel, le moteur et l’arbitre du monde. Le soleil, sous le nom de Bel ou Belen, fit naître les plantes salutaires et présida à la médecine ; Heus ou Hesus à la guerre ; Teutatès au commerce et à l’industrie ; l’éloquence même et la poésie eurent leur symbole dans Ogmius, armé comme Hercule de la massue et de l’arc, et entraînant après lui des hommes attachés par l’oreille à des chaînes d’or et d’ambre qui sortaient de sa bouche[1].

On voit qu’il y a ici quelque analogie avec l’Olympe des Grecs et des Romains[2]. La ressemblance se changea en identité, lorsque la Gaule, soumise à la domination de Rome, eut subi, quelques années seulement, l’influence des idées romaines. Alors le polythéisme gaulois, honoré et favorisé par les empereurs, finit par

  1. App. 8.
  2. Cæsar.