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HISTOIRE DE FRANCE

accourut pour porter secours à l’empereur[1]. Lothaire se trouva seul à son tour, et à la discrétion de son père ; Wala, tous les chefs de la faction, furent condamnés à mort. Le bon empereur voulut qu’on les épargnât.

Cependant l’Aquitain Bernard, supplanté dans la faveur de Louis par le moine Gondebaud, l’un de ses libérateurs, rallume la guerre dans le Midi ; il anime Pepin. Les trois frères s’entendent de nouveau. Lothaire amène avec lui l’Italien Grégoire IV, qui excommunie tous ceux qui n’obéiront pas au roi d’Italie. Les armées du père et des fils se rencontrent en Alsace. Ceux-ci font parler le pape ; ils font agir la nuit je ne sais quels moyens. Le matin, l’empereur, se voyant abandonné d’une partie des siens, dit aux autres : « Je ne veux point que personne meure pour moi[2]. » Le théâtre de cette honteuse scène fut appelé le champ du Mensonge.

Lothaire, redevenu maître de la personne de Louis, voulut en finir une fois, et achever son père. Ce Lothaire était un homme à qui le sang ne répugnait pas : il fit égorger un frère de Bernard et jeter sa sœur dans la Saône ; mais il craignait l’exécration publique s’il portait sur Louis des mains parricides. Il imagina de le dégrader en lui imposant une pénitence publique et si humiliante qu’il ne s’en pût jamais relever. Les évêques de Lothaire présentèrent au prisonnier une liste de crimes dont il devait s’avouer coupable.

  1. App. 160.
  2. App. 161.