Les prêtres qui l’avaient formé firent plus qu’ils ne voulaient ; leur élève se trouva plus prêtre qu’eux, et, dans son intraitable vertu, il commença par réformer ses maîtres. Réforme des évêques : il leur fallut quitter leurs armes, leurs chevaux, leurs éperons[1]. Réforme des monastères : Louis les soumit à l’inquisition du plus sévère des moines, saint Benoît d’Aniane, qui trouvait que la règle bénédictine elle-même avait été donnée pour les faibles et pour les enfants[2]. Ce nouveau roi renvoya dans leur couvent Adalhard et Wala[3], deux moines intrigants et habiles, petits-fils de Charles-Martel, qui dans les dernières années avaient gouverné Charlemagne. Et le palais impérial eut aussi sa réforme : Louis chassa les concubines de son père, et les amants de ses sœurs, et ses sœurs elles-mêmes[4].
Les peuples, opprimés par Charlemagne, trouvèrent en son fils un juge intègre, prêt à décider contre lui-même. Roi d’Aquitaine, il avait accueilli les réclamations des Aquitains, et s’était réduit à une telle pauvreté, dit l’historien, qu’il ne pouvait plus rien donner, à peine sa bénédiction[5]. Empereur, il écouta les plaintes des Saxons, et leur rendit le droit de succéder[6], ôtant ainsi aux évêques, aux gouverneurs des pays, la puissance tyrannique de faire passer les héritages à qui ils voulaient. Les chrétiens d’Espagne, réfugiés dans les Marches, étaient dépouillés par les grands et les lieutenants impériaux des terres que