ait lancé le javelot contre elle ; il faut que, dans la lutte amoureuse, elle ait de ses fortes mains fait jaillir le sang des doigts du héros… La femme, dans la Germanie primitive, était encore courbée sur la terre qu’elle cultivait[1] ; elle grandit dans la vie guerrière ; elle devient la compagne des dangers de l’homme, unie à son destin dans la vie, dans la mort (sic vivendum, sic pereundum. Tacit.). Elle ne s’éloigne pas du champ de bataille, elle l’envisage, elle y préside, elle devient la fée des combats, la walkyrie charmante et terrible, qui cueille, comme une fleur, l’âme du guerrier expirant. Elle le cherche sur la plaine funèbre, comme Edith au col de cygne cherchait Harold après la bataille d’Hastings, ou cette courageuse Anglaise qui, pour retrouver son jeune époux, retourna tous les morts de Waterloo.
On sait l’occasion de la première migration des barbares dans l’Empire. Jusqu’en 375, il n’y avait eu que des incursions, des invasions partielles. A cette époque les Goths, fatigués des courses de la cavalerie hunnique qui rendait toute culture impossible, obtinrent de passer le Danube, comme soldats de l’Empire, qu’ils voulaient défendre et cultiver. Convertis au christianisme, ils étaient déjà un peu adoucis par le commerce des Romains. L’avidité des agents impériaux les ayant jetés dans la famine et le désespoir, ils ravagèrent les provinces entre la mer Noire et