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HISTOIRE DE FRANCE

gothique qui reste au monde aujourd’hui. Il n’a rien dans sa masse qui fasse penser à cette hardie et légère architecture qu’on appelle gothique, et qui n’exprime en effet que l’élan mystique du christianisme au moyen âge. Il faudrait plutôt le comparer aux pesantes constructions pélasgiques des tombeaux de l’Étrurie et de l’Argolide[1].

Les courses aventureuses des Germains à travers l’Empire, et leur vie mercenaire à la solde des Romains, les armèrent plus d’une fois les uns contre les autres. Le Vandale Stilicon défit à Florence ses compatriotes dans la grande armée barbare de Rhodogast. Le Scythe Aétius défit les Scythes dans les campagnes de Châlons ; les Francs y combattirent pour et contre Attila. Qui entraîne les tribus germaniques dans ces guerres parricides ? C’est cette fatalité terrible dont parlent l’Edda et les Niebelungen. C’est l’or que Sigurd enlève au dragon Fafnir, et qui doit le perdre lui-même ; cet or fatal qui passe à ses meurtriers, pour les faire périr au banquet de l’avare Attila.

L’or et la femme, voilà l’objet des guerres, le but des courses héroïques. But héroïque, comme l’effort ; l’amour ici n’a rien d’amollissant ; la grâce de la femme, c’est sa force, sa taille colossale. Élevée par un homme, par un guerrier (admirable froideur du sang germanique[2] !), la vierge manie les armes. Il faut, pour venir à bout de Brunhild, que Siegfried

  1. Voy. le Voyage d’Edgar Quinet, 5e volume des Œuvres complètes, 1857.
  2. App. 67.