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DESTINÉE DE LA RACE CELTIQUE

par Guillaume-le-Bâtard, tant la race germanique est moins propre à la résistance ! Les Francs établis dans la Gaule ont de même été subjugués, transformés dès la seconde génération, par l’influence ecclésiastique.

Les Cambriens ont résisté deux cents ans par les armes et plus de mille ans par l’espérance. L’indomptable espérance (inconquerable will. Milton) a été le génie de ces peuples. Les Saoson (Saxons, Anglais, dans les langues d’Écosse et de Galles) croient qu’Arthur est mort ; ils se trompent, Arthur vit et attend. Des pèlerins l’ont trouvé en Sicile, enchanté sous l’Etna. Le sage des sages, le druide Myrdhyn est aussi quelque part. Il dort sous une pierre dans la forêt ; c’est la faute de sa Vyvyan ; elle voulut éprouver sa puissance, et demanda au sage le mot fatal qui pouvait l’enchaîner ; lui qui savait tout, n’ignorait pas non plus l’usage qu’elle devait en faire. Il le lui dit pourtant, et, pour lui complaire, se coucha lui-même dans son tombeau[1].

En attendant le jour de sa résurrection, elle chante et pleure cette grande race[2]. Ses chants sont pleins de larmes, comme ceux des Juifs aux fleuves de Babylone. Le peu de fragments ossianiques qui sont réellement antiques portent ce caractère de mélancolie. Nos Bretons, moins malheureux, sont dans leur langage pleins de paroles tristes ; ils sympathisent avec la nuit,

  1. C’est l’histoire d’Adam et Ève, de Samson et Dalila, d’Hercule et Omphale ; mais la légende celtique est la plus touchante. M. Quinet l’a reprise et agrandie dans son dernier poème : Merlin l’enchanteur (1860). Ce n’est pas dans une note qu’on peut parler d’un tel livre, l’une des œuvres capitales du siècle.
  2. App. 57.