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DESTINÉE DE LA RACE CELTIQUE

si isolées de la France, doit remonter à une époque où la Gaule, la Grande-Bretagne et l’Irlande étaient encore sœurs, où elles avaient une population, une religion, une langue analogues, où l’union du monde celtique n’était pas rompue encore[1].

De tout ce qui précède, il suit nécessairement que l’élément romain n’est pas tout, à beaucoup près, dans notre langue. Or, la langue est la représentation fidèle du génie des peuples, l’expression de leur caractère, la révélation de leur existence intime, leur Verbe, pour ainsi dire. Si l’élément celtique a persisté dans la langue, il faut qu’il ait duré ailleurs encore[2], qu’il ait survécu dans les mœurs comme dans le langage, dans l’action comme dans la pensée.

J’ai parlé ailleurs de la ténacité celtique. Qu’on me permette d’y revenir encore, d’insister sur l’opiniâtre génie de ces peuples. Nous comprendrons mieux la France si nous caractérisons fortement le point d’où elle est partie. Les Celtes mixtes qu’on appelle Français, s’expliquent en partie par les Celtes purs, Bretons et Gallois, Écossais et Irlandais. Il me coûterait d’ailleurs de ne pas dire ici un adieu solennel à ces populations, dont l’invasion germanique doit isoler notre France. Qu’on me permette de m’arrêter et de dresser une pierre au carrefour où les peuples frères vont se séparer pour prendre des routes si diverses et suivre

  1. App. 46.
  2. Bien entendu (je m’en suis déjà expliqué) que les germes primitifs sont peu de chose en comparaison de tous les développements qu’en a tirés le travail spontané de la liberté humaine.