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HISTOIRE DE FRANCE

ailleurs l’histoire de ses successeurs, de l’armurier Marius, de Victorinus et Victoria, la Mère des Légions, enfin de Tétricus, qu’Aurélien eut la gloire de traîner derrière son char avec la reine de Palmyre[1]. Quoique ces événements aient eu la Gaule pour théâtre, ils appartiennent moins à l’histoire du pays qu’à celle des armées qui l’occupaient.

La plupart de ces empereurs provinciaux, de ces tyrans, comme on les appelait, furent de grands hommes ; ceux qui leur succédèrent et qui rétablirent l’unité de l’Empire, les Aurélien, les Probus, furent plus grands encore. Et cependant l’Empire s’écroulait dans leurs mains. Ce ne sont pas les barbares qu’il en faut accuser ; l’invasion des Cimbres sous la République avait été plus formidable que celles du temps de l’Empire. Ce n’est pas même aux vices des princes qu’il faut s’en prendre. Les plus coupables, comme hommes, ne furent pas les plus odieux. Souvent les provinces respirèrent sous ces princes cruels qui versaient à flots le sang des grands de Rome. L’administration de Tibère fut sage et économe, celle de Claude douce et indulgente. Néron lui-même fut regretté du peuple, et pendant longtemps son tombeau était toujours couronné de fleurs nouvelles[2]. Sous Vespasien, un faux Néron fut suivi avec enthousiasme dans la Grèce et l’Asie. Le titre qui porta Hélagabal à l’Empire fut d’être cru petit-fils de Septime-Sévère et fils de Caracalla.

  1. Voy. mon article Zénobie. (Biog. univ.)
  2. App. 17.