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HISTOIRE DE FRANCE

sénat. Déjà il avait pris une garde espagnole, et l’Espagnol Balbus était un de ses principaux conseillers[1].

Antoine essaya d’imiter César. Il entreprit de transporter à Alexandrie le siège de l’Empire, il adopta le costume et les mœurs des vaincus. Octave ne prévalut contre lui qu’en se déclarant l’homme de la patrie, le vengeur de la nationalité violée. Il chassa les Gaulois du sénat, augmenta les tributs de la Gaule[2]. Il y fonda une Rome, Valentia (c’était un des noms mystérieux de la ville éternelle). Il y conduisit plusieurs colonies militaires, à Orange, Fréjus, Carpentras, Aix, Apt, Vienne, etc. Une foule de villes devinrent de nom et de privilèges Augustales, comme plusieurs étaient devenues Juliennes sous César[3]. Enfin, au mépris de tant de cités illustres et antiques, il désigna pour siège de l’administration la ville toute récente de Lyon, colonie de Vienne, et, dès sa naissance, ennemie de sa mère. Cette ville, si favorablement située au confluent de la Saône et du Rhône, presque adossée aux Alpes, voisine de la Loire, voisine de la mer par l’impétuosité de son fleuve qui y porte tout d’un trait, surveillait la Narbonnaise et la Celtique, et semblait un œil de l’Italie ouvert sur toutes les Gaules.

C’est à Lyon, à Aisnay, à la pointe de la Saône et

  1. C’est lui qui conseilla à César de rester assis quand le sénat, en corps, se présenta devant lui. Voy. mon Histoire romaine.
  2. Il établit, au détroit de la Manche, des douanes sur l’ivoire, l’ambre et le verre. (Strabon.)
  3. App. 12.