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rendu par inclination vers le bas est employé couramment pour désigner la force qui fait pencher le fléau d’une balance ; on peut donc le traduire aussi par pesanteur, comme l’a fait Bétolaud ; nous avons cependant préféré un terme moins précis, pour le distinguer de βάρος qui le précède.

Le passage de Simplicius a été indiqué par Wohlwill (Archiv fuer Voelkerpsychologie, vol. XV) et résumé par M. Vallati (Le speculazioni di Giovanni Benedetti, etc. Ac. de Turin, 1897-1898, p. 23). Nous n’en connaissons pas de traduction et c’est pourquoi nous la tentons ci-dessous :

« Hipparque, dans son περὶ τῶν διὰ βαρύτητα κάτω φερόμενων au sujet des objets projetés vers le haut, au-dessus de la terre, dit que l’impulsion (ἰσχύς, impetus) qui a projeté vers le haut, tant qu’elle prédomine sur la force (δύναμις, potentia) est cause de l’ascension et que la vitesse de l’ascension de l’objet lancé est proportionnelle à cette prédominance : mais quand celle-là (ἰσχύς) diminue, l’objet n’est plus porté vers le haut avec la même vitesse et ensuite l’objet lancé se porte vers le bas par suite de son inclination (ῥοπή, pesanteur) propre, alors qu’il subsiste encore quelque chose de la force (δύναμις) qui fait monter, puis celle-ci s’évanouissant graduellement, l’objet porté vers le bas s’y porte toujours plus vite et atteint le plus haut degré de vitesse quand la force qui a projeté vers le haut finit par faire défaut. Il donne la même cause pour les objets abandonnés de haut en bas ; car il y subsiste dans une certaine mesure la force de ce qui les a retenus, laquelle force agissant en sens contraire détermine au début la lenteur de la descente. » Aristote. Opera, éd. Bekker, vol. IV ; Scholia, éd. Brandis, p. 485.

III

LES COPERNICIENS ET LE PRINCIPE D’INERTIE

Nous avons vu (p. 99, note 4) que, d’après M. Rosenberg, le triomphe des théories géocentriques dans l’antiquité est lié à l’absence du concept d’inertie.

Cette remarque est certainement fort juste. Notre sensation immédiate semble à première vue nous donner une certitude absolue en ce qui concerne le mouvement et le repos ; le principe d’inertie détruit cette certitude, en nous convainquant que les phénomènes que nous considérions comme caractérisant le repos sont en réalité ceux du mouvement rectiligne et uniforme, et dès lors nous pouvons envisager le mouvement de ce qui nous paraît en repos apparent.

Toutefois, cette manière de voir entraîne une grosse difficulté