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chois se montrait plus affirmatif encore. Il disait :

« … Je suis personnellement partisan d’une censure. Entre plusieurs une raison qui me suffit : j’ai des enfants qui pourront lire bientôt. En quoi la censure a-t-elle gêné l’éclosion d’un beau livre, même érotique ? Tout ce qu’elle peut empêcher c’est sa vente à découvert, sa diffusion dangereuse entre des mains d’enfants ou d’érotomanes latents dont la maladie n’a pas besoin de stimulants. Mais il y aurait tout bénéfice, même littéraire, à ce qu’elle pût l’empêcher. Toutes les personnes et tous les âges n’ont pas le discernement ni la force qu’il faut pour éliminer les poisons, parfois délicieux, de l’art et de la littérature. Je suis de ceux qui regrettent qu’on ait fait des éditions populaires des Liaisons dangereuses et des Fleurs du mal.

« La fameuse formule : « Le peuple a droit à la beauté » est une de ces noires sottises… qui a déjà fait commettre assez de graves erreurs, artistiquement et socialement.

« C’est très joli d’invoquer la liberté d’écrire, mais sous son prétexte je refuse d’accorder à des auteurs et à des éditeurs, plus ou moins scrupuleux, la liberté de pervertir les enfants et les gens sans défense.

« Et pensez-vous que Baudelaire n’eût pas protesté contre une édition des Fleurs du mal à dix-neuf sous, et que ce grand homme n’eût pas souffert de voir