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À ZOLA

Les érudits nous assurent que la France fut jadis la patrie de l’idéalisme. On n’y vit pas seulement une Assemblée où la noblesse et le clergé occupaient la moitié des sièges, se livrer à la sublime déraison de la nuit du Quatre Août et donner par là, à la Déclaration des Droits de l’Homme, une portée humaine, réaliste et pratique, qui n’appartient pas au même degré au très beau préambule de la Déclaration de l’Indépendance américaine.

Il s’y trouva pendant près d’un siècle des hommes qui s’appelaient des noms les plus divers et qui se réclamaient des principes les plus contraires, pour protester au nom du Droit et de la Justice éternelle contre les vilenies de la politique.

Un duc de Broglie s’honorait en débutant à la Chambre des Pairs par un vote courageux contre la condamnation du maréchal Ney. Des républicains comme Armand Carrel, marquaient au fer rouge de leur mépris la trahison d’un Dantz et l’infâme habileté qui consolidait la monarchie de Juillet. Parmi les monarchistes constitutionnels, dans la tourbe bourgeoise et philistine où se recrutait le centre gauche, il y eut des âmes assez fortes, des cœurs assez hauts pour mettre leur veto à l’exécution d’un Barbès.

Le Deux Décembre, cette opération de police qui sauva la société par une sombre matinée d’hiver, eut beau être amnistiée par les beaux esprits des classes dirigeantes ; on compta quelques intransigeants jusque parmi ces affamés de sécurité, pour opposer à ce dix-